Le Transperceneige [T1]

 Le Transperceneige : une odyssée glaciale et politique...

Le Transperceneige, bande dessinée culte de science-fiction, nous plonge dans un univers glacial où l'humanité survivante se trouve enfermée à bord d’un train lancé dans une course éternelle à travers un monde figé par le froid. La planète a sombré dans un nouvel âge de glace, conséquence probable d'une catastrophe climatique ou d’un conflit nucléaire. Seul subsiste ce train, immense serpent d'acier, divisé en wagons symbolisant des classes sociales étanches. À bord, un ordre rigide règne, et l’humanité survit… mais à quel prix ?

Le scénario est signé par Jacques Lob, figure emblématique de la bande dessinée française engagée, connu notamment pour Superdupont. Le dessin est assuré par Jean-Marc Rochette, dont le style noir et blanc anguleux et expressionniste sert à merveille l’atmosphère oppressante du récit.

Initialement, c’est le dessinateur Alexis (Dominique Vallet) qui devait illustrer le projet, mais sa mort prématurée en 1977 a contraint Lob à attendre plusieurs années avant de le reprendre avec Rochette.

Le premier tome paraît en 1984 chez Casterman, dans la célèbre collection "À Suivre".

Le récit suit Proloff, un homme venu des wagons de queue, là où s’entassent les plus pauvres dans des conditions inhumaines. Capturé alors qu’il tente de remonter vers l’avant du train, il découvre au fil de son parcours une société rigoureusement hiérarchisée, où la misère des uns sert la stabilité et les privilèges des autres.

Le train devient alors une métaphore limpide de nos sociétés : divisions de classe, autoritarisme, inégalités sociales, absurdité du pouvoir. Mais au-delà de la critique sociale, Le Transperceneige est aussi un récit profondément humain, mêlant désespoir, poésie, révolte et amour.

Une planche d'ouverture mythique, dès la première planche, l’ambiance est posée :

Un paysage désolé, figé sous une neige éternelle. Le silence est brisé uniquement par le grondement sourd du Transperceneige. La narration est grave, presque prophétique :

« Il est mille et un wagons… et un seul train. »

On y découvre Proloff, sale, grelottant, en fuite dans un couloir glacé, avant d’être capturé brutalement par des soldats. Cette scène, à la fois simple et puissante, introduit tous les enjeux du récit : isolement, contrôle, violence sociale, mystère du train.

Le style graphique de Rochette, en noir et blanc, souligne la froideur et l’urgence de ce monde condamné.

LIEN

Je vous propose uniquement le T1, les autres sont trop récents pour être proposés ici, découvrez cet univers et cela vous plaît, cherchez les autres....

Depuis la parution du premier volume, la saga a connu plusieurs suites et préquelles, toujours dessinées par Rochette, avec différents scénaristes : L’Arpenteur (1999) - La Traversée (2000) - Terminus (2000)  Puis les cycles Extinctions et Les Origines, explorant le monde avant le gel. Chaque nouvelle étape enrichit l’univers du Transperceneige, oscillant entre tragédie, anticipation et philosophie politique.

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Du papier à l'écran : le Transperceneige est été adapté en film en 2013 par Bong Joon-ho (Parasite). le film transpose l’univers de la BD avec une intrigue nouvelle mais fidèle à l’esprit originel.

Développée par TNT et diffusée sur Netflix, la série Snowpiercer reprend les grandes lignes du concept, mais explore davantage les relations de pouvoir, les intrigues politiques et les luttes internes à bord. On y retrouve Jennifer Connelly et Daveed Diggs en têtes d’affiche. Plus "feuilletonnante", elle offre une autre lecture de cet univers enfermé. 

Le Transperceneige n’est pas qu’un récit de survie. C’est une allégorie politique, une critique des hiérarchies sociales, et une réflexion sur la condition humaine confrontée à l’absurde et à l’inéluctable.

Son succès tient à la force de son univers, mais aussi à la justesse de son regard sur notre monde — un monde peut-être déjà sur des rails, lancé à toute vitesse vers sa propre fin.

Jacques Lob – Un scénariste visionnaire

Né en 1932, Jacques Lob est un auteur de bande dessinée prolifique et engagé. Il débute dans les années 1950 dans la presse, collabore avec Gotlib, Alexis, Pichard, et surtout Solé. Créateur du célèbre Superdupont avec Marcel Gotlib, il alterne humour et récits plus sombres. Avec Le Transperceneige, publié peu avant sa mort en 1990, il signe l’une des œuvres majeures de la BD d’anticipation française. Son écriture oscille entre poésie noire et critique