BdMagExhumator 2.0 : Panache - 120 - 127 - 132 - 133- 139 - 153 - 159

vendredi 25 juillet 2025

Panache - 120 - 127 - 132 - 133- 139 - 153 - 159 - 162

La BD Panache est l'une des séries emblématiques des éditions Impéria, spécialisée dans les bandes dessinées de guerre en petits formats (souvent appelées "petits formats de gare" en France). Voici un aperçu historique et artistique de cette série :

🎖️ Origine et présentation

Titre : Panache
Éditeur : Impéria
Première parution : janvier 1958
Dernier numéro : août 1990 (n°441)
Format : petit format (environ 13 x 18 cm), publication mensuelle, puis bimensuelle.
Genre : guerre, principalement Seconde Guerre mondiale, mais aussi Première Guerre mondiale, guerres coloniales, conflits fictifs.

💣 Thèmes abordés

Panache met en scène des récits de guerre principalement centrés sur les forces alliées (Britanniques, Français, Américains) combattant l'Axe.
Les récits sont souvent héroïques, tragiques ou patriotiques, avec un style narratif direct et énergique, parfois accompagné de touches d’humour militaire.

🖌️ Dessinateurs et scénaristes

Comme beaucoup de publications de l’époque, Panache faisait souvent appel à :

Des dessinateurs espagnols et italiens, sous-traités par des studios spécialisés.
Des auteurs français également, pour les scénarios, dont plusieurs travaillaient sous pseudonyme.

Quelques noms notables (parmi de nombreux collaborateurs souvent anonymes) :

José Muñoz
Matías Alonso
Enrique Nieto
José Zaragoza
Luigi Merati

Beaucoup travaillaient aussi pour d'autres séries de l'éditeur comme Brûlant, Intrépide, Képi Blanc...

📚 Séries annexes ou numéros spéciaux

Pas de séries annexes officielles sous le nom Panache, mais on peut noter :

Des numéros doubles ou hors-série sur des batailles précises.
La série sœur Brûlant (plus centrée sur la guerre d’Indochine et les conflits modernes).
Képi Blanc, tourné vers la Légion étrangère.
Commando, davantage sur les opérations spéciales.

📦 Héritage

Panache est aujourd’hui une BD de collectionneurs. Elle représente une époque de la BD française populaire, accessible, faite pour les jeunes garçons férus de récits militaires.
Son style graphique marqué, ses histoires simples et efficaces, ont marqué les esprits dans les années 60 à 80.

🎖️ Duel dans les ruines de Cologne – 6 mars 1945

📍 Lieu : Près de la cathédrale de Cologne

Le 6 mars 1945, dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, un événement marquant se produit dans les ruines de Cologne, en Allemagne : un duel de chars entre un Panther allemand et un char américain Sherman, filmé en direct par une équipe de l’armée américaine. Ce combat est l’un des plus célèbres de la guerre, précisément parce qu’il a été capturé sur pellicule.

Il était déjà trop tard quand ils virent le Panther.

CRAC !

Le tir traversa le blindage du canon du Sherman. Une seconde plus tard, la trappe du chef de char s'ouvrit, laissant s'échapper de la fumée au travers de laquelle un homme apparut.

Ce n'était pas beau à voir. Les hommes s'extirpaient d'un char en détresse. Ils chancelaient et trébuchaient comme des boxeurs, saignants et tremblants, sans se soucier de la chute. Le tireur sortit d'une trappe et tomba dans la rue tête la première. Le chef de char sauta à l'arrière du char. Les membres d'équipage d'un M4 proche coururent lui porter secours.

"Mon Dieu... sa jambe !" murmura un des secouristes.

Une de ses jambes avait été sectionnée juste sous le genou. Des volutes de fumée s'échappaient du moignon meurtri. L'homme laissa échapper un gémissement rauque.

Une rue plus loin, le Sergent Robert Early et son équipage entendirent une explosion et virent de la fumée s'élever au-dessus des toits.

La voix nasillarde du poste radio cracha un ordre.

"Ici Able Main, à tous les chars. Un Panther tient la place de la cathédrale. Il vient de détruire un Sherman. Early, votre équipage doit progresser et le détruire. Terminé."

Early hocha la tête. "Vous avez entendu, les gars. C'est pour ça qu'on a ce monstre." Après tout, c'est pour cela que le char d'Early avait été conçu, puisqu'il commandait un T26E3 Pershing, la réponse expérimentale de l'armée aux blindés lourds allemands.

Une chose était sûre, Early n'allait pas progresser à l'aveugle. Il sortit pour effectuer un repérage et remarqua un homme avec une caméra à côté de lui. C'était Bates, chargé de bobines de films et d'objectifs, qui voulait l'accompagner.

"Bates ! Qu'est-ce que tu fais là ?" demanda Early, surpris.

"Sergent, j'aimerais filmer ça. C'est... important." répondit Bates, son œil brillant derrière l'objectif.

Early soupira. "Reste derrière moi alors, et fais attention où tu mets les pieds."

Quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent tous deux accroupis dans la mezzanine d'un bâtiment du Front travailleur allemand, à étudier le Panther. Le char s'était déplacé au coin de la place de la cathédrale, couvrant un carrefour lui permettant de contrôler les arrivées par les trois rues. Immobile, il avait l'avantage tactique, mais pour l'instant son canon était tourné ailleurs.

"Il est bien placé, le salaud," murmura Early. "Bates, installe ta caméra là. Tu auras une bonne vue."

Early retourna à son char. "Smoyer, on va contourner ce chat sauvage par la gauche. Wilson, tiens-toi prêt à bouger dès que je donne l'ordre."

Il plaça le Pershing à l'intersection, contournant le Panther par la gauche. Une fois placé, il s'arrêta. "Feu !" hurla-t-il. Le canon du Pershing cracha son projectile sur le flanc du blindé allemand, puis Wilson recula rapidement. Par chance, la caméra n'en rata pas une miette. Bates avait préparé son équipement.

À l'etérieur de la tourelle du No. 26, l'épaule gauche appuyée contre la culasse du canon, le tireur Clarence Smoyer entendit Early grimper au poste de chef de char derrière lui.

"Bien joué, Smoyer. Mais ce n'est pas fini," dit Early. "On va se remettre en position. Wilson, tu vas nous avancer jusqu'à l'intersection. Smoyer, dès qu'on est en vue, tu tires."

Smoyer calcula la distance jusqu'à l'intersection, pour déterminer où il disposerait de suffisamment de place pour pivoter son long canon. Alors que l'avant du Pershing commençait à se mettre à découvert, le pilote commença à crier.

"Chef ! Sa tourelle !" hurla Wilson.

Au lieu de s'arrêter, il fit ronfler le moteur et effectua une embardée dans la zone exposée. Smoyer pivota la tourelle et vit pourquoi : la tourelle du Panther était dirigée droit sur eux. L'œil noir du tube du canon se profilait en gros plan dans son viseur grossissant.

"Il nous a vus !" s'exclama Smoyer. "On est foutus !"

Le pilote tentait de faire du Pershing une cible mouvante. Smoyer allait devoir tirer à la volée, si tant est qu'il aurait cette chance.

Une rue plus loin, l'Oberleutnant Wilhelm Bartelborth ordonna à son tireur de retenir son tir.

"Attends ! Ce n'est pas un Sherman," dit Bartelborth, les yeux rivés sur le char qui avançait. Il s'attendait à la grande silhouette d'un Sherman. Mais ce char avait les dimensions et le profil bas d'un Panther. Il hésita pendant une demi-seconde cruciale. "C'est... c'est un des nôtres ?"

En réponse, un obus s'écrasa dans le compartiment moteur.

BOUM !

Le Pershing marqua un arrêt, le canon fumant. À l'intérieur de la tourelle, le chargeur plaça un autre obus perforant T33.

"Encore !" gronda Smoyer, les dents serrées. Il pressa à nouveau le commutateur de tir.

CRAC !

Deux étages plus haut, la secousse du second tir fit balancer la caméra de Bates. Depuis son point de vue au-dessus de la poussière et de la fumée, il enregistra chaque impact. Le premier tir s'écrasa sous le mantelet du canon, le second pénétra le flanc du Panther. Le moteur était en feu à présent. De la fumée s'échappait des trappes alors que l'équipage allemand effectuait une évacuation hasardeuse en sautant.

Une secousse fit à nouveau trembler la caméra de Bates.

BOUM !

Cette fois, il s'agissait d'un obus T30E16. Son cœur en carbure de tungstène atteignit les munitions du Panther, faisant jaillir des étincelles depuis la trappe ouverte du pilote. Une colonne de flammes s'éleva dans le ciel depuis la coupole du chef de char.

Le Panther brûla jusqu'au matin suivant. Pendant qu'il brûlait, Bates réalisa un panoramique vertical du char, terminant sa prise de vue en fixant la caméra sur les flèches de la cathédrale gothique, comme pour rappeler au public ce qui venait d'être gagné.

Il s'agit d'une fin étonnamment artistique pour une séquence de guerre. Mais peut-être que Bates savait ce qu'il faisait, car c'est parce que ce film existe que nous nous rappelons encore de ce duel. Ce fut loin d'être le seul combat de ce type, ni le plus grand impliquant un Pershing. Une semaine avant, un Pershing seul était parvenu à détruire quatre chars allemands, dont un Tiger I, à Elsdorf.

Mais personne ne captura cela en vidéo. Nous nous rappelons du duel de la cathédrale de Cologne non seulement pour la bravoure et le talent mis en œuvre, son arrière-plan impressionnant, mais surtout parce qu'il s'agit d'un duel que l'on peut regarder. C'était la rencontre parfaite entre les combats et le cinéma.

C'est en tout cas ce que l'US Army semble avoir pensé. Car malgré la bravoure de l'équipage du Pershing, seul un homme reçut la Bronze Star pour ses actions lors du duel de Cologne : celui qui tenait la caméra.