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mercredi 17 juin 2020

Rapaces (3ème compilation des séries éditées sur BDMag 01)




Rapaces n°43 - 44

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L’HISTOIRE DE GEOFF EDWARDS EN CRETE PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE


Bill McCarrey & Geoff Edwards










En tant que soldat du « 2/11th Battalion Australian Army » je me suis retrouvé en mai 1941 en Crète quand Hitler a débarqué ses troupes d’élite de parachutistes qui, après une lutte acharnée, mais coûteuse, ont pris le contrôle de l’île.

J’ai été fait prisonnier à Sfakia , sur la côte sud et j’ai été dirigé vers un camp de prisonniers près de Souda avec un ami Bill McCarrey,

Nous avons observé les mouvements des sentinelles allemandes. Une certaine nuit nous avons saisi notre chance et nous nous sommes échappés à travers les fils barbelés. Puis commença le long voyage par les montagnes et vers la côte sud.

Étant vaincus, nous doutions d'obtenir beaucoup d'aide de la population locale et en fait la première nuit, nous avons volé de la nourriture plutôt que de les contacter, car ils étaient également sous la menace de la peine de mort s’ils étaient pris entrain d’aider les troupes du Commonwealth britannique. Mais nos craintes n'étaient pas fondées. Nous avons été nourris par les villageois et guidés à travers les montagnes par des bergers. Certaines personnes nous ont même donné de l'argent, mais cela n'a jamais été nécessaire car personne nous en demandait pour nous nourrir, nous abriter ou bénéficier d'une aide.
Finalement, nous sommes arrivés au Monastère Preveli où le chef moine Agathanghelos Lagouvardos et le chef de la résistance Michael Papadakis avaient organisé un abri dans les villages environnants pour des centaines de soldats du Commonwealth britannique et même s’ils risquaient la peine de mort pour nous aider cela ne faisait aucune différence pour ces courageux villageois crétois. Quand les Allemands envoyaient des patrouilles, ils nous déplaçaient d'une région à l'autre.
La plupart d'entre nous ont été évacués de Crète par les sous-marins britanniques "Thrasher" et "Torbay". 

Nous avons quitté la belle île accidentée de Crète plus riche en sentiments et en souvenirs de ces indigènes crétois. Nous avions été vaincus sur le champ de bataille et n'avions rien à leur offrir mais ils risquaient même leur vie pour nous aider quand nous avions vraiment besoin d'aide. Pour cela, les hommes, les femmes et les enfants devaient payer un prix terrible en représailles sauvages de la part de l'ennemi.

Des hommes comme l’interprète Vassilakis qui, face au peloton d'exécution, a refusé d'avoir les yeux bandés et se rendit à sa mort en chantant l'hymne national grec - pas étonnant que l'île n'a jamais été complètement subjugué. Leur sacrifice n'a pas été vain et leurs actes héroïques vivront pour toujours.


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 Rapaces n° 70 - 74 - 101 - 103 - 104
 
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L'Abeille de Seine-et-Oise. Supplément illustré 1917 (N112).


UN DRAME DANS LES AIRS




Avant la guerre, les sous-lieutenants P... et G... étaient restés pendant plusieurs mois à la même escadrille d’aviation et s’étaient liés d’une étroite amitié. La mobilisation les avait séparés tout d’abord, mais ils devaient se retrouver, en septembre 1916, dans la Somme, le premier comme lieutenant-pilote, le second comme lieutenant-observateur à bord d’une saucisse. Les anciennes et cordiales relations d’autrefois avaient été reprises et, dès qu’ils étaient libres, ils se retrouvaient ensemble.



Un après-midi, malgré un vent qui soufflait en tempête, P..., le lieutenant-pilote, avait reçu la mission d’aller accomplir une reconnaissance au-dessus des lignes boches... Il partit aussitôt et piquant droit vers la saucisse de son ami G..., fortement ballottée par l’ouragan, il vint le saluer au passage.
—Bonne chance  lui cria G...
—Au revoir ! riposta P...
Bientôt les deux camarades s’étaient perdus de vue.



Sur son avion léger, tanguant et roulant dans les rafales, P... a poursuivi sa route. Après mille difficultés, se dissimulant dans les nuages pour échapper aux obus ennemis, il a réussi à mener à bien sa périlleuse mission et il est maintenant sur le chemin du retour. Le vent, de plus en plus violent, retarde sa marche et les projectiles ennemis sifflent à ses oreilles chaque fois qu’il se trouve à découvert. Il se hâte tant qu’il peut, car la nuit va venir. A grande hauteur, il passe enfin au-dessus des dernières tranchées boches. Bientôt il sera dans nos lignes.



Qu’est devenue la saucisse de son ami?.. Celui-ci a-t-il pu continuer sa besogne, malgré la bourrasque?
Eh ! oui, il l’aperçoit maintenant et met le cap tout droit sur lui. Pris dans les sautes brusques du vent, son avion danse et il doit, à tout instant, remonter dans le vent pour continuer sa route.
Comment la saucisse a-t-elle pu tenir par un temps pareil? Elle est toujours là, mais, au fur et à mesure qu’il se rapproche du ballon captif, il lui semble que celui-ci descend vers la terre.
Enfin, son ami sera bientôt en sûreté. Mais pourquoi ne le descend-on pas plus vite? En vérité, à quoi pense-t-on? Le ballon ne descend plus. Est-ce une illusion? Il lui semble même qu’il remonte maintenant. Il ne se trompe pas. Il monte même très vite... Le voilà au-dessus des nuages et il grimpe toujours avec une vitesse vertigineuse, traînant après lui la nacelle où se trouve sen ami G...
Il comprend tout. Dans la tempête, le câble du-ballon captif s’est rompu et il vogue maintenant au gré du vent, il vogue droit vers les lignes boches.
P... ne pense plus qu’à son ami. Sans trop savoir ce qu’il pourra faire, il se met à la poursuite du ballon. Mais celui-ci monte bien plus vite que lui. Il n’ose le-regarder. Une terreur folle le prend à l’idée qu’il pourrait éclater. Mais il n’éclate pas. Il lui semble même qu’il a quelque peu descendu.
Encouragé, le pilote repart à sa poursuite, mais la saucisse, à la dérive, reprend sa course vers les lignes ennemies. N’importe, il la dépasse.



On tire sur eux obliquement, de très loin. Le tir n'est pas bien dangereux, encore... Les obus n’arrivent pas jusqu’à eux et éclatent trop bas. Mais bientôt il en sera autrement. L’explosion des obus troue à chaque instant le ciel d’immenses éclairs rouges.



Et soudain P..., dans une angoisse folle, voit le ballon captif faire un bond formidable et prendre feu. Tout est fini, cette fois !... Le ballon, peu à peu dégonflé, descend à présent. Il descend même très vite et ne forme plus qu’un globe de feu, laissant après lui un long sillage de fumée noire.



O surprise ! O joie! A la lueur de l’incendie ainsi allumé, P... aperçoit, à la hauteur du ballon mais descendant beaucoup moins vite, un parachute auquel un homme se tient accroché.
Il tombe doucement, progressivement, d’une course oblique, loin de la saucisse en feu, heureusement séparé d’elle.
Maintenant, sans souci des obus qui continuent à éclater, P... dans le vent qui redouble, se dirige vers le sol dans le sillage du parachute qui porte son ami. Ils se sauveront tous les deux ou périront ensemble.




Le pilote atterrit enfin dans un terrain vague. L’arrivée au sol a été un peu brusque, mais il n’y a rien de cassé. La nuit est presque complètement venue. Les obus tirés sur eux se perdent dans l’obscurité..
P... a quitté à la hâte sa carlingue. Il va se mettre à la recherche de son ami G... quand celui-ci surgit tout à coup, traînant derrière lui son parachute.


Les deux hommes se serrent les mains, s’embrassent et G..., avec un bon rire joyeux et tranquille :
—Eh ! bien, mon vieux, crois-tu que je lui ai bien fichu le feu, à ma saucisse?... Les Boches ne l’auront pas !
—Ah ! c’est toi qui l’as incendiée?
—Parbleu !
—Alors, nous n’avons plus qu’à rentrer chez nous? Je vais t’emmener
— J’y compte bien.
Vingt minutes plus tard, le pilote et l’observateur atterrissaient heureusement parmi leurs  camarades qui commençaient à être terriblement inquiets.
Comme au théâtre, le drame avait bien fini...

 Rapaces n°077 - 084 -175 - 177 - 178


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A HIGHER CALL...1943, UN MIRACLE DANS LE CIEL


C'était quelques jours avant Noël 1943, la campagne de bombardements alliés en Allemagne visait les villes et décimait les populations civiles à toute vitesse.
Le sous-lieutenant Charlie Brown venait d'être promu pilote de bombardier, lui et son équipe réalisaient leur première mission : détruire Bremen dans le nord de l'Allemagne.
Le quadrimoteur B-17F Flying Fortress , surnommé Ye Olde Pub, était typique des bombardiers lourds américains de l'époque, armé de 11 mitrailleuses disposées stratégiquement.
Le vol s'effectuait à une altitude d'environ 27.000 pieds, mais la cabine n'était pas sous pression.
A cette altitude l'air est raréfié et le froid intense, 60 degrés en dessous de zéro..., les pilotes et membres d'équipage disposent dès lors d'un système d'oxygène et de combinaisons de vol très chaudes y compris des bottes fourrées.
Ye Olde Pub approchait de son objectif : Bremen, tandis que les batteries anti-aériennes allemandes défendaient la ville en tirant sur la formation des bombardiers.
Un obus a explosé juste en face de leur avion, détruisant les moteurs deux et quatre.
Avec seulement deux moteurs sur quatre, Ye Olde Pub ne pouvait plus suivre la formation.



Les bombardiers B-17 étaient connus pour être en mesure d'absorber un grand nombre de balles des avions de chasse et d'obus anti-aérien (la Flak) grâce à un lourd blindage protégeant l'équipage et les zones vitales de l'avion.
Quoique bien armé d'un certain nombre de tourelles de mitrailleuses lourdes, il y avait encore des zones de l'avion qui étaient vulnérables aux attaques par des avions de chasse ennemis.
L'US Army Air Corps avait abordé ce problème en ordonnant que leurs bombardiers volent en formation décalée, ce qui permettait de combler les lacunes défensives de chaque avion dans la formation grâce à un recouvrement partiel des champs de tir.
L'inconvénient de cet arrangement était que les avions ne pouvaient pas réaliser de manœuvres d'évitement..., ils courraient alors le risque de se toucher et d'être percutés lors du largage des bombes d'autres avions..., mais aussi de tirer sur les avions alliés...
Par contre, hors formation, les retardataires devenaient totalement vulnérables aux attaques de l'aviation ennemie.



Les choses sont allées de mal en pis pour Brown et son équipage.
Ye Olde Pub a largué ses bombes et tenté de résister aux attaques impitoyables de 15 avions de chasse allemands.
Les dommages subis étaient immenses.
Le mitrailleur de queue a été tué et quatre autres ont été blessés, dont Brown, qui a reçu un fragment d'acier dans son épaule droite.
Les armes défensives encore en service étaient la tourelle supérieure derrière le poste de pilotage et le canon situé dans le nez de l'avion.
Le système hydraulique ne fonctionnait plus correctement et l'oxygène était coupé.
L'avion est alors entré dans une spirale, en chute libre vers le sol.



Brown a réussi à redresser l'avion juste au-dessus du sol, arrachant les branches supérieures de plusieurs arbres : "J'ai eu des cauchemars de cette scène pendant des années et des années, je voyais les batiments et puis les arbres, j'ai cru mourir. Je pense que les Allemands étaient convaincus que l'avion s'était écrasé, raison pour laquelle ils ne nous ont pas pourchassés jusqu'à l'hallali... Ye Olde Pub été épargné. D'une certaine manière, aidé de mon copilote, j'ai réussi à rétablir un niveau de vol à environ 1.000 pieds d'altitude"...



Tentant de rentrer sur la base anglaise, Ye Olde Pub a survolé au ras du sol un aérodrome allemand.
Le lieutenant Franz Stigler, un pilote de chasse de la Luftwaffe qui avait à son actif d'avoir abattu deux B-17, a vu Ye Olde Pub voler en crabe juste au dessus de lui.
Tout naturellement, il a pensé à lui donner la chasse..., il a sauté dans le cockpit de son Me-109 et a décollé.
Quelques minutes plus tard il était en visuel à 100 mètres.
Mais le spectacle qui s'offrait à ses yeux lui à immédiatement arrêté toute envie d'abattre le bombardier.
Il était atterré par la quantité de dégâts que le B17 avait subi.
Sa verrière de nez était absente, il y avait plusieurs trous béants dans le fuselage..., il pouvait voir des membres d'équipage donner les premiers soins à des blessés, il y avait du sang un peu partout et les armes de l'avion pendaient : "J'ai vu un homme qui devait être préposé au canon latéral et avait été touché dans le dos, abondamment saigner, j'ai été ému de le voir me faire un signe comme un appel au secours, du style qu'il n'en pouvait plus... Oui, je ne pouvais pas tirer. J'ai essayé de faire atterrir l'avion en Allemagne mais le pilote devait savoir que cela signifierait la prison... Il n'a pas réagi..., pas du tout même. C'était une tête dure, un héros, ou tout simplement un homme qui n'avait pas décidé d'être là, qui n'avait pas voulu tout ça, qui voulait simplement vivre après avoir obéi aux ordres, rentrer chez lui..., simplement. Alors, j'ai pensé le diriger vers la Suède, parce que son avion était tellement endommagé que je pensais qu'il n'aurait jamais pu retourner dans cet état en Angleterre. Je n'avais jamais vu voler un avion aussi endommagé"...





Stigler a gardé ses distances, tout en restant hors de la ligne de tir des deux canons encore en service, mais il a réussi à voler dans le visuel du pilote du B17. 
Il a essayé de communiquer avec Brown avec des signaux manuels. 
Son message était simple... et formulé en anglais : "Voulez-vous atterrir en Allemagne ou voulez-vous que je vous guide vers la Suède. Vous ne pourrez jamais revenir avec votre tas de ferraille en Angleterre"...
Perplexe, Brown regardait les signes de Stigler, il n'arrivait pas à croire ce qu'il voyait : un étrange pilote allemand qui lui faisait des gestes amicaux..., à lui qui venait de bombarder Bremen. 
Il ne pouvait pas accepter d'atterrir en allemagne et il ne voulait pas aller en Suède..., il l'a fait comprendre..., mais le pilote allemand est resté avec lui, empèchant d'autres avions de chasse allemand d'attaquer le B17, jusqu'à ce qu'ils atteignent la mer du Nord. 
A mi-chemin, Stigler a salué, battu des ailes amicalement et a fait lentement demi-tour...
Brown a réussi l'incroyable exploit de ramener le B17 jusqu'à sa base, au ras des flots...

L'officier de débriefing incrédule, séduit par l'histoire de Brown, est allé dire à l'Etat-major ce qui s'était passé. 
Il a recommandé l'équipage de Brown pour une citation..., mais cette gloire fut de courte durée. 
L'Etat-major a rapidement décidé que cette histoire ou un B17 était sauvé grâce à l'attitude chevaleresque d'un pilote de chasse allemand, pouvait mettre en danger la vie des autres équipages, car elle leur aurait fait baisser leur garde. 

Tous les détails de la première mission du Ye Olde Pub ont été classés secrets.





Stigler n'a jamais parlé de son action ce jour-là, cela lui aurait signifié la cour martiale, une dégradation, voire la prison.
Plus tard il est devenu un des premiers au monde à piloter un avion de chasse à réaction, le ME262.
À la fin de la guerre, il était l'un des seulement, environ, 1.300 pilotes survivants de la Luftwaffe sur 28.000.

Après la guerre, Charlie Brown est rentré chez lui en Virginie-Occidentale et après 4 ans d'université, s'est réengager dans l'Air Force en 1949 pour y  servir jusqu'en 1965.
Plus tard, en tant que chef du Département d'Etat du service extérieur, il a fait de nombreux voyages au Laos et au Vietnam.
Mais en 1972, il a raccroché sa casquette de colonel et a déménagé à Miami pour devenir un inventeur-retraité.

Stigler a terminé la guerre au milieu des ruines, les autorités encore en place du presque défunt Troisième Reich, impressionnés par ses états de services exemplaires... et alors que l'économie allemande était détruite, lui ont délivré quotidiennement des bons d'alimentation et un travail comme aide-maçon, ce qui lui a permi de survivre.
Mais il a déménagé au Canada en 1953.
Là, il a connu le succès en tant qu'entrepreneur.






























De nombreuses années passèrent sans que ni l'un ni l'autre n'aient jamais le temps de beaucoup de réflexion sur ce qui s'était passé ce jour-là en 1943.
Mais en 1986, le colonel à la retraite Charlie Brown... a été invité à prendre la parole lors d'un événement commémoratif, les retrouvailles de pilotes de bombardiers B17, appelé grand rassemblement des aigles.
Quelqu'un lui a demandé s'il avait des missions mémorables au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Brown a pensé dans une minute de silence, puis a déterré l'histoire de l'aide chevaleresque et du salut amicale d'un pilote allemand de ME109, qui avait été enterrée quelque part dans les coins sales de son esprit depuis des décennies.
L'intervieuwer-journaliste en fut bouche bée.
Brown a su qu'il devait essayer de trouver l'homme qui avait épargné sa vie.
Après quatre années de recherche, en vain, dans les archives allemandes et des États-Unis ainsi que de l'angleterre, Brown n'était pas arrivé à grand-chose.
Alors, il a écrit une lettre dans un bulletin de l'association des pilotes de chasse alliés de la guerre 41/45.
Quelques mois plus tard, Brown a reçu une lettre du Canada.
C'était Stigler..., la lettre était courte : "C'était moi"...
Quand ils se sont parlé au téléphone, Stigler a décrit son avion, le salut, tout..., Brown savait que ce n'était pas un canular.

De 1990 à 2008, Charlie Brown et Franz Stigler sont devenu comme des frères, leur amitié a été scellée au fil de ses années qu'ils leur restaient à vivre...
Les deux hommes restèrent près l'un de l'autre tout le reste de leur vie.
Ils sont morts à quelques mois d'intervalle, en 2008.




 Rapaces n° 009-012-022

Lien: Rapaces - 009
Lien: Rapaces - 012


Lien: Rapaces - 022

LA BATAILLE AÉRONAVALE DE TARENTE.

En novembre 1940, l'armée italienne subit de lourds échecs en Grèce, mais sa flotte dans la Méditerranée demeure imposante. De plus, la flotte anglaise ne peut plus compter sur l'appui de la flotte française de Toulon. Il était donc capital pour les Britanniques de rééquilibrer les forces en Méditerranée.
Pendant la nuit du 11 novembre 1940, les Anglais lancèrent une opération aéronavale dont les Italiens se souviendront et dont les Japonais s'inspireront un an plus tard. Cette attaque eu lieu à Tarente où sont stationnés les plus gros navires de la flotte italienne. Ce port est protégé par de nombreuses batteries de DCA. On baptisa cette opération "Judgement".

Schéma représenta Tarente, port idéal sauf pour contrer une attaque aérienne.




LA PREMIÈRE VAGUE.

Le bourreau de la Regia Marina : le HMS Illustrious qui comme l'Enterprise américain passa à travers tous les coups durs de la guerre

20 heures sur le pont. L’Illustrious vient d’atteindre son point de largage c'est-à-dire le point X Ray. Comme le vent est nul, Boyd a poussé les machines à la vitesse maximale de 28 Kts. 10 minutes plus tard, le klaxon déchire le bourdonnement fébrile du pont d’envol et donne le signal. 


Mise en route des moteurs, vérification des magnétos, contrôle des pressions d’huile et des pompes des réservoirs supplémentaires, manipulation des manettes de gaz, branchement des tubes Gosport ancêtres des intercom…



Cet antique biplan, le Fairey Swordfish allait faire basculer l'équilibre des forces  navales en Méditerranée au profit des britanniques. 



Le chef de piste focalise le rayon vert de sa lampe sur l’îlot pour donner l’autorisation de lancer. La passerelle aviation accuse réception par le même message. 20 heures 35, le L4A de Williamson, chef de la première vague, décolle. 20 heures 40, le pont d’envol est vide. 


Un quart d’heure plus tard, l’escadrille s’est formée en 4 sections de 3 appareils qui tentent de grimper lourdement vers 4 000 mètres où ils rencontrent des nuages qui se soudent. En sortant de la perturbation, un peu plus bas, Williamson n’est plus entouré que par 7 équipiers. Les autres se sont éparpillés dans un ciel d’encre. Il lui manque un torpilleur. 23 heures, dans l’axe de vol, le ciel ressemble à celui d’un 14 juillet avec des traçantes multicolores sur un fond de lueurs rouges orangées. Le comité d’attente de Tarente est prêt, informé par un réseau d’écoutes disposé le long de la côte. L’avion torpilleur manquant est déjà en attente au-dessus du golfe. Tous descendent à 2 000 mètres.
Ordre est donné aux lanceurs de bombes éclairantes et les deux Stringbags (sac à provision est  le  surnom donné  par  les pilotes  à  leur Swordfish) lancent 9 fusées dont les feux de Bengale fonctionnent correctement  et donnent  un éclairage tangentiel à la Mar Grande. Le cône inversé de traçantes tiré par tous les canons de la rade donne de la voix malgré les  casques  et zèbre le ciel. 

Le Swordfish  de Williamson entame un piqué qui va l’amener au ras de l’eau perpendiculairement  à  la Tarentola.  Sans les avoir repérés antérieurement, il passe entre deux ballons et repère un cuirassé de type Cavour, lance sa torpille et, ainsi allégé, a l’impression de bondir. Mais cette ascension est de courte durée car il est aussitôt fauché par la salve d’un canon antiaérien.

Le Swordfish L4C effectue son attaque de façon similaire mais un peu à l’est du trajet de Williamson. Derrière l’ombre de la masse imposante du gros dock flottant, il aperçoit également la silhouette d’un Cavour, largue sa torpille à moins de 700 mètres et dégage serré par la gauche le temps d’être ébloui par une haute colonne de flammes. Puis son observateur lui donne un cap retour.


Le troisième Swordfish de la section, le L4R, lance également sa torpille sur un Cavour puis s’éloigne dans l’obscurité dont il avait surgi. La seconde section contourne la Mare Grande par l’ouest, franchit le brise lame à 1 200 mètres d’altitude puis pique au ras de l’eau. A la lumière des bombes éclairantes, le L4K distingue bien les 6 cuirassés au mouillage et choisit le plus au Nord. Mais il faut passer entre les pièces d’artillerie qui défendent la rive et celles de 2 navires antiaériens puis traverser le barrage des ballons.


 Heureusement, mais les attaquants ne le savent pas, un gros coup de vent les jours précédents a arraché 60 des 87 ballons et ils n’ont pu être remplacé faute d’hydrogène. Les projectiles des croiseurs, du fait de la faible possibilité d’élévation de leur ligne de tir, ont tendance à faire des dégâts surtout dans les cargos voisins. 


Une reconstruction du raid britannique sur Tarente avec la flotte, les fusées et les projecteurs dans un ciel nocturne. La flotte italienne à l'ancre dans le port est attaquée par les avions de la Fleet Air Arm. Les projecteurs flamboient  dans le ciel, il y a des avions volant à basse altitude et de nombreux éclats d'obus qui éclairent le ciel. Une torpille se déplace rapidement à travers l'eau vers le cuirassé italien Littorio dans le centre de la composition.


Cela explique un bref cessez le feu qui lui permet d’ajuster son largage de torpille sur un Littorio. Le L4M commence son attaque plus bas, traverse la Mar Grande en venant de l’ouest et vire à gauche pour piquer sur le même Littorio que celui visé par le L4K. Il s’étonne qu’aucun projecteur ne fouille le ciel pour identifier les assaillants mais en profite pour larguer sa torpille à moins de 400 mètres de sa cible et se fond dans la nuit cap à l’est.  Le troisième Swordfish de la seconde section aborde la rade par le nord en survolant la ville de Tarente. Copieusement « canardé », il réussit toutefois à distinguer un Littorio dans son cap 170 et déclenche sa torpille à 1 200 mètres de distance puis le E4F vire par la droite au milieu d’un nid de canons dont il sort miraculeusement. Les torpilleurs de la première vague ont rempli leur mission mais ont-ils atteints leurs objectifs ?


Le  Swordfish E5A  gréé  en bombardier  a pour  tâche d’attaquer  les unités  mouillées sur la rive sud de la Mar Piccolo. Survolant la Mar Grande en venant du sud, il est confronté à une forme d’obscurité. Repèrent enfin les navires à quai, il largue  ses  six bombes après une large boucle par le nord. Suivant un trajet similaire, le pilote du L4L largue ses munitions sur la base d’hydravions.
Quant au dernier des bombardiers, il délivre ses six bombes, en deux passages, sur les croiseurs et destroyers accostés aux appontements « comme des sardines dans une boîte ». Je n’ai pas trouvé de traces de l’attaque du E5Q qui devait bien être présent car son retour est signalé dans les rapports. Les deux illuminateurs lâchent sans succès leurs deux bombes sur le dépôt de mazout. La première attaque est terminée. Les Swordfish regagnent le point de rendez-vous Yankee.

LA DEUXIÈME VAGUE



A 2 h 10, Hale décolle le premier et orbite en attendant ses coéquipiers. Mais seuls six le rejoignent rapidement car deux appareils se sont accrochés lors des manœuvres sur le pont. L’un peut être rapidement réparé mais l’autre nécessitera une longue intervention avant de pouvoir s’élancer à 21 h 58.


Mais les ennuis ne font que commencer car sur le premier appareil accidenté qui avait été rapidement considéré comme opérationnel , l’une des attaches du réservoir supplémentaire casse, puis la seconde et le moteur tousse puis s’arrête. L’avion tombe en vrille mais le pilote du Swordfish bombardier L5Q le « rattrape » après 300 mètres de chute. Les brides cassées frappent le fuselage et le réservoir n’est plus arrimé ce qui rend impossible la mission. Il faut rentrer. Les sept appareils restant poursuivent leur approche de la cible car ils ne savent pas que le L5F est parti avec 50 minutes de retard. 


Peu après 23 heures, le lointain s’illumine. Tarente est en feu, visible à près de 100 Km !« En tout cas, nous savons du moins où aller. Cela épargne bien des soucis aux navigateurs ! » A minuit moins dix, la flottille est en vue de la côte nord-ouest du Golfe de Tarente et le chef de la formation, Hale, ordonne au L5B, l’illuminateur, de prendre le cap de San Vito en compagnie du bombardier L4F. A 1 500 mètres d’altitude et toutes les 15 secondes, le L5B largue ses 24 fusées éclairantes et la rade s’allume. Ensuite, les 2 appareils foncent sur les réservoirs de mazout et le résultat est bien meilleur que celui de l’attaque précédente.

Les 5 torpilleurs arrivent sur l’objectif en venant du nord-ouest puis descendent vers la Mar Grande en suivant un axe nord sud. Ça tire de partout. De la terre et de l’eau monte une barrière de feu et, devant eux, risques suprêmes, l’armement antiaérien des cuirassés et la barrière des ballons… Le L5A amorce son piqué avec, en visuel, deux bâtiments de type Cavour et, à droite, un monstrueux cuirassé type Littorio. Il part à droite, lance sa torpille à moins de 700 mètres et vire sec à tribord pour quitter cet endroit peu hospitalier au plus tôt.

Le L5H le suit mais il effectue sa descente depuis la Rondinara puis enchaîne par un large virage qui le fait passer sous le cône de feu. Il vole au ras de l’eau vers un cuirassé de type Cavour sur lequel il décoche sa torpille avant de survoler les unités mouillées plus au sud et qui l’attendent de pied ferme.
Le L5K commence son attaque en passant au-dessus du canal reliant les deux rades. Alors qu’il est en phase de piqué, il évite de justesse un Swordfish désemparé qui tombe en mer devant lui. C’est le E4H. Devant le L5K, un Littorio. A 700 mètres, il appuie sur le bouton de déclenchement. Rien ne se passe. Les deux extrémités du grand navire de guerre, fierté de tout un peuple et de la Marine italienne, ne peuvent être contenu dans son regard. Ça devient chaud ! Il réenclenche le mécanisme de mise à feu et presse une nouvelle fois sur la gâchette, l’autre main fermement accrochée au manche. Un grand coup de pied au derrière lui fait comprendre que la torpille est partie. A moins que ce ne soit un projectile fasciste qui n’ait touché sa machine ? Il entame un virage à droite et constate que tout va bien à bord. Ou presque car, devant lui ont surgi du néant anthracite, deux énormes ballons amarrés à des chalands. Il incline son avion sur la tranche, passe et s’enfuit dans la nuit.


Mais c’était sans compter sur les 2 bâtiments gardant l’entrée de la passe de la Mar Grande. Manche au ventre, puissance à fond et partie de saute-mouton dans une acre odeur de cordite ! L’E5H choisit une autre voie d’attaque en abordant la Mar Piccolo par le nord ; il survole Tarente puis se dirige vers les cuirassés qu’il observe et étudie lors d’un grand virage à gauche.
Canons de 20mm Breda M1935 en affût double.
Ce canon de 75.7 calibres tire des obus de 134g
à raison de 240 coups par minute. La portée
maximale est de 5500m en tir surface et
2900m en tir antiaérien. 
Devant lui, une barrière de ballons qu’il évite de justesse puis les deux Littorio avec derrière les deux Cavour. C’est à ce moment qu’une de ses commandes d’ailerons casse sous l’effet d’un projectile. L’inclinaison de son Swordfish ne lui permet pas de lancer sa torpille. Tant pis, il remet son avion en position horizontale et lance à moins de 500 mètres. Il s’enfuit alors en traversant la Mar Grande où un éclat d’obus lui arrache un grand morceau de toile sur l’aile gauche …Ce qui ne l’empêchera pas de regagner l’Illustrious !
On l’avait presque oublié mais le Swordfish retardataire, le L5F, s’approche des lieux du combat. Il survole « lentement » la rade. De grandes taches luisantes sous la lune mais tranchant avec la luminosité réfléchie par la mer, témoignent de la présence de mazout autour de certains cuirassés. Des navires sont en feu et des colonnes de fumée montent d’autres. De leur balcon volant, les aviateurs constatent un calme irréel car les tirs ont cessés et les clameurs des sauveteurs et le crépitement de tout ce qui brûle ne montent pas jusqu’à eux. Mais cela ne dure pas car ils engagent un Trento et le son caractéristique du rugissement du moteur en piqué réveille le staccato des armes automatiques et le vacarme des canons antiaériens. Le L5F lance ses bombes sur le pont du navire et s’en va, tout triste de l’absence d’explosion…Mais ce sont des munitions de type semi rupture qui feront un dégât considérable…
A une heure du matin, l’Illustrious est au point Yorker, point de récupération des machines. Un premier spot se matérialise sur l’écran de l’officier radariste. Puis il en comptera 11 mais pas 12. L’état-major du porte avion se rend rapidement compte que l’équipage Williamson – Scarlett ne rentrera pas. Les  deux aviateurs sont faits prisonniers indemnes et passeront la guerre dans des camps en Italie puis en Allemagne. Les équipages de la première vague sont donc rentrés presque au complet. C’est un miracle après une telle expédition ! Un peu avant deux heures du matin, la seconde vague se pose avec seulement 7 appareils suivie, 20 minutes plus tard, par le retardataire L5F. Une machine manque à l’appel : c’est celle de Baily et Slaughter. Ce qui fait deux équipages perdus pour un tel raid.



Le Conte di Cavour mal en point.

Le cuirassé de 35000t Littorio à peine entré en service, sa remise en état durera de longs mois.


Militairement,  c’est  un succès ! Difficile, comme toujours en temps  de  guerre,  de connaître le résultat exact de la bataille aéronavale de Tarente.  Le  premier communiqué italien fait état d’une  attaque  par  des desperados  et  que  des centaines avaient été abattus. Un second précise qu’un cuirassé a été touché de façon sévère mais qu’il n’y a aucune victime civile ou militaire à déplorer et que 6 appareils britanniques ont été abattus.
Le Maryland de Whiteley s’envole le 12 et ce qu’il voit lui fait plus d’effet que « toute une caisse de whisky ». Après l’analyse des bandes photos :
?  Un Littorio gîte sur tribord et sa plage avant est sous l’eau.
?  Un Cavour est échoué avec une forte gîte sur tribord.
?  Deux croiseurs donnent de la bande en Mar Piccollo.
?  Deux bâtiments auxiliaires sont sous l’eau.
A Rome, au bureau de Supermarina, les informations arrivent, plus précises. Après la seconde vague des torpilleurs, le bilan est le suivant :
?  Le cuirassé Duilio est si durement touché qu’il a fallu l’échouer sur le rivage pour éviter qu’il ne coule,
?  Le cuirassé Cavour est torpillé et coulé,
?  Le super cuirassé Littorio a été atteint par 3 torpilles, il est toujours à flot mais la situation est si grave qu’il va falloir l’échouer,
?  Deux croiseurs de la classe du Trento, le Libeccio et le Lanciere ont été touchés avec un pont percé,
?  La base d’hydravions est détruite,
?  L’arsenal et le dépôt d’hydrocarbures sont en feu.
Et l’Amiral Cavagnari de conclure de façon implacable : « Si tout cela est exact, nous venons de perdre une grande bataille navale et il est impossible de dire quand nous nous relèverons de ces conséquences ».
Treize  mois  plus  tard,  les  japonais attaquaient Pearl Harbour selon un plan de bataille très voisin.


 Rapaces n°59

Lien: Rapaces - 059









La fin du Tirpitz

Lancement du Tirpitz à Wilhelmshaven le 1er avril 1939.

Le Tirpitz était le plus grand des cuirassés de la Kriegsmarine pendant la Seconde Guerre mondiale. Navire jumeau du Bismarck et nommé d'après l'amiral de la Première Guerre mondiale Alfred von Tirpitz, il fut terminé dans le chantier naval de Wilhelmshaven, en Allemagne, et fut lancé le 1er avril 1939.


L'armement du bâtiment était composé de huit canons de 380 mm, d'une artillerie secondaire et d'une défense antiaérienne. Les canons de 380 mm étaient appariés en quatre tourelles désignées Anton et Bruno à l'avant, Cæsar et Dora à l'arrière. L'artillerie secondaire comportait douze canons de 150 mm en six tourelles et seize pièces de 105 mm sur affûts doubles auxquelles s'ajoutaient seize canons antiaériens de 37 mm et 80 pièces de 20 mm à tir rapide. Il était doté de deux hydravions de type Arado Ar 196.
Le Tirpitz ancré dans le Faettenfjord (Trondheim, en Norvège), en février 1942.

En janvier 1942, le Tirpitz quitta l'Allemagne pour se rendre en Norvège (port d’Altafjord) où il mena de redoutables attaques contre les convois Alliés tentant d'apporter du ravitaillement aux forces Alliées stationnées en Russie. Les marins norvégiens l'appelaient la « Reine solitaire du Nord » dans la mesure où il suffisait à poser une menace constante aux convois Alliés dans la mer de Barents.

L’Angleterre développe ces petits sous-marins pour des missions d’observation, de destruction et de minage. Le sous-marin X-Craft est un sous-marin sans kiosque ni canon. Longueur: 16 mètres - Largeur: 1.80 m - Déplacement Surface/Plongée: 27 tonnes/30 tonnes - Immersion: 90 mètres - Équipage: 4 hommes - Armement: 2 Charges explosives de 2 Tonnes chacune qui doivent être posées sous la coque du navire attaqué.


Après plusieurs tentatives pour couler le Tirpitz et neutraliser la menace qu'il posait toujours à l'égard des opérations Alliées dans l'Arctique, les Opérations spéciales britanniques lancèrent l'opération Source, mettant cette fois-ci en scène les tout nouveaux sous-marins de poche X-Craft. Suivant un scénario digne d'un film d'Hollywood, les pilotes des sous-marins X-Craft étaient supposés s'approcher sans se faire détecter du port où était ancré le Tirpitz. De là, ils devaient se glisser sous les filets anti-torpilles et attacher des mines au bas de la coque des cuirassés Tirpitz, Scharnhorst et Lutzow.
X-5 à bord du HMS Bonaventure avant l'attaque sur le the Tirpitz.
Vue aérienne du  Altenfjord and Kåfjord, montrant  le Tirpitz et la route approximative prise par le X-5, X-6 et X-7.
Parmi les six appareils initialement, seuls trois parvinrent assez près pour tenter la mission ; les autres furent perdus en mer ou subirent des avaries techniques. Les trois appareils restants furent repérés par les forces défensives allemandes du port et furent finalement détruites par des coups de feu et des grenades sous-marines, mais ils avaient déjà réussi à poser leurs bombes ! Le Tirpitz subit de lourds dégâts : une déchirure de 18 mètres de long sur la quille côté bâbord fit entrer plus de 1 400 tonnes d'eau, un réservoir de combustible perforé, ses deux hydravions soufflés du pont et détruits par l'explosion, et sa tourelle « Dora » fut disloquée. Cette opération marqua la première tentative réussie d'endommager le Tirpitz ; après elle, les services secrets Alliés commencèrent à planifier une autre stratégie pour le terrasser de manière définitive...

Le 12 novembre 1944, trente-deux bombardiers Lancaster de la RAF quittèrent au petit matin l'Angleterre et arrivèrent au-dessus de la Norvège (Opération Catechism). 
Tous les avions avaient été modifiés pour accueillir les « Tallboy bombs »  et équipés du « Stabilized Automatic Bomb Sigh » qui leur permettait de viser en altitude avec une très grande précision.

La 12,000 pound "Tall Boy" bomb utilisée pour couler le Tirpitz

À 9 h 30, les Lancaster grimpèrent jusqu'à une hauteur de bombardement de 14 000 pieds, et se sont ainsi fait repérer par les radars allemands. La chasse allemande à Bardufoss auraient dû être en bonne position pour intervenir, mais ils ne sont pas apparus. Le fait  était que la Luftwaffe n'avait pas été informée que le Tirpitz avait récemment été déplacé à un nouvel emplacement (Tromso, dans la crique de Sorbotn).

Le commandant de l'escadre, Willy Tait, a mené l'attaque:
« C'était une forme noire clairement visible sur les eaux claires du fjord, entourée par les collines couvertes de neige et qui étincelaient sous le soleil de l'Arctique. Un nuage de fumée s'élevait lentement de la cheminée du grand navire. »
« Quand les bombardiers étaient à environ dix milles, la scène paisible changea subitement; le navire a ouvert le feu avec son armement principal et des flots de fumée orange-brun restèrent en suspension puis dérivèrent lentement. »
À 09h41, la première des 29 « Tallboy bombs »  fut lâchée  à partir de 14.000 pieds et elle a accéléré à 750 mph (1.210 km/h), approchant la vitesse du son, pour un dommage maximum à l'impact. Huit minutes plus tard, c'était fini.

 Le Tirpitz fut touché directement à bâbord par trois « Tallboy bombs »  de cinq tonnes chacune. Une grande explosion interne s'ensuivit et la tourelle « C », pesant pourtant plusieurs milliers de tonnes, fut balayée tandis que le navire chavirait. Le cuirassé se retourna si vite que l'équipage présent sur les ponts inférieurs ne put pas sortir. Par conséquent, 912 des 1 700 membres d'équipage qui étaient à bord perdirent la vie, dont le capitaine. La dernière menace navale allemande significative contre les convois arctiques avait finalement été neutralisée de façon concluante.
 
Wing Commander JB Tait, commandant du 617ème  Escadron de la RAF (cinquième à partir de la gauche), debout avec son équipage devant la queue de leur Avro Lancaster B Mark I (spécial), EE146 'KC-D', à Woodhall Spa, Lincolnshire, en revenant de Lossiemouth, le jour après le raid réussi sur le cuirassé allemand Tirpitz à Tromso Fjord, Norvège,


Un Lancaster – caméra piloté par le lieutenant de vaisseau Bruce Buckham DFC RAAF du 463e escadron de la RAAF était le dernier avion sur la scène. Il a volé très bas, malgré les tirs des batteries du rivage qui sont restées en action après que le Tirpitz ait cessé de tirer



« Nous l’avons survolé, nous l’avons contourné et il était assis là avec dignité sous un énorme champignon de fumée qui montait jusqu'à quelques milliers de pieds dans les airs. »
« Il y avait à bord des feux et des explosions; un énorme trou béant existait sur le flanc du navire côté port où toute une section avait été soufflée. Nous l’avons observé pendant 30 minutes environ et puis nous avons décidé de rentrer et nous nous sommes dirigés vers l’embouchure du fjord. »
« À ce moment-là, le mitrailleur arrière « Flying Officer Eric Giersch » a crié: «Je pense qu'il chavire ». Je suis retourné au port pour jeter un coup d'œil. Cette fois, nous volions à une hauteur de 50 pieds et nous regardâmes la bouche grande ouverte le Tirpitz qui se dirigeait vers le port, toujours gracieusement et avec lenteur. »
Nous pouvions voir des marins allemands nager, plonger, sauter et quand il a chaviré au-dessus de 85°, il s’est lentement enfoncé dans l'eau du Fjord de Tromso. Il devait y avoir dans l’eau environ 60 hommes à ses côtés pendant que nous le survolions pour une dernière passe.
Photographie  tirée lors d’une reconnaissance aérienne par un De Havilland Mosquito PR Mark XVI, NS637, du n ° 544 Squadron RAF, montrant le cuirassé allemand Tirpitz chaviré et couché dans le fjord de Tromsø.

« C'était là le dernier aperçu que nous avons eu en sortant du fjord et de la mer du Nord. Après un vol de 14 heures, nous avons atterri à Waddington, où l'interrogatoire a été mené par le vice-maréchal de l'Air Sir Ralph Cochrane. Quand on m’a demandé comment il est parti, ma seule remarque a été : Eh bien, nous n'aurons pas à revenir, le Tirpitz est fini. »

Rapaces (Francisco Solano López)- 405 - 407 - 413

FRANCISCO SOLANO LOPEZ


Auteur de bandes dessinées à partir de 1953 aux Éditions Abril, il rencontre le scénariste Héctor Oesterheld avec lequel naît une association de grande importance pour la bande dessinée argentine.
Après avoir travaillé ensemble sur des série comme Uma-Uma et Bull Rockett, ils émigrent aux Éditions Frontera, pour laquelle Solano López dessinera Rolo le marchand adoptivo, Amapola nègre, Joe Zonda, Rayon de lune et, surtout, L'Éternaute.
Dans les années soixante, López part pour l'Europe où il travaille pour la maison d'édition anglaise Fleetway et la revue au format de poche Air Ace Library (via l’Art Studio SI de Madrid), envoyant son travail par la poste : c’était principalement des récits complets de guerre publiés en Angleterre (de 1960 à 1969) et, en France, dans le petit format Rapaces des éditions Impéria.
Lion Picture Library
49 - The Ugly Duckling
Air Ace Picture Library
25 - Flying Fortress

Il rentre en Argentine en 1976, où il reprend L’Éternaute, toujours en collaboration avec Oesterheld ; dans le même temps, il dessine Slot Barr sur les textes de Riccardo Barreiro.
La grave situation politique argentine le contraint à l'exil vers Madrid, en Espagne, et la série L’Éternaute reste de ce fait inachevée. De l'Espagne puis de Rio de Janeiro au Brésil, il continue sa collaboration avec Ricardo Barreiro et avec des scénaristes comme Carlos Sampayo, dont il dessine les histoires d’Evaristo, une de ses meilleures séries.
Rentré en Argentine depuis quelques années, il a poursuivi la saga de L'Éternaute avec L’Éternaute : Le Retour et produit la série Les Internautes pour le supplément informatique du quotidien Clarín, une série hebdomadaire de bande dessinée dans laquelle il mélange aventure et réalité virtuelle.
En 1991, il se lance dans des récits érotiques qui le font connaître comme un maître du genre.
De retour à Buenos Aires depuis 1995, il continue avec Pol (Pablo Maiztegui) les deux séries qui ont fait son succès (L’Éternaute et les aventures érotiques de Lilian et Agathe). Il meurt le 12 août 2011, d'un accident cérébral.

L’Éternaute (El Eternauta)
Les aventures érotiques de Lilian et Agathe





Rapaces - 405 - L'envoyé spécial

Lien - 405

Rapaces - 407 - Le grand souffle

Lien: 407

Rapaces - 413 - Fin d'un Viking

Lien: 413

 Rapaces - 397 - 404 - 378 - 85 - 125 - 134
 

Rapaces - 397 - Raid sur Berlin

Lien: 397
 

VOIR Publié chaque semaine par l’Office d’Information de guerre des Etats-Unis, VOIR a pour seul but de présenter des images du monde d'aujourd’hui à la Belgique pendant la libération et jusqu’au moment où la presse belge sera en mensure d remplir elle-même librement cette tâche. 

L’agonie de Berlin, ville de proie.

HITLER AVAIT PROMIS que le Troisième Reich, construit par lui, durerait mille-ans et qu'il commanderait au monde, attendant avec soumission les ordres qui lui arriveraient de sa capitale: Berlin.
Heureusement ce n'était là qu’un mauvais rêve, en train de s’évaporer dans la fumée des bombes alliées.
Même si on ne devait tenir compte dans la guerre que des points de vue stratégique et militaire, l’élimination de Berlin constituerait un objectif de première importance. La capitale allemande est, en effet, un des nœuds les plus importants du réseau ferré du Reich et ses grandes gares règlent en temps normal la plus grande partie du trafic entre l’Europe de l’Ouest et de l'Est. C’est dire leur rôle dans la guerre moderne, où la question des transports est en permanence au premier plan des préoccupations des États-Majors. Berlin, au surplus, est une métropole industrielle: dix mille usines la ceinturent qui, toutes, travaillent directement ou indirectement pour la production de guerre.
VOICI BERLIN au temps de sa splendeur, alors que la foule acclamait
sans jamais se lasser les troupes défilant dans ses avenues
à l'ombre de la Croix Gammée.
UN JOUR NOIR pour les hommes épris de liberté. Hitler vient
d'arriver au pouvoir. La foule berlinoise brûle les livres précieux
que les nazis ont déclaré "décadents".

VOICI LA GESTAPO. Derrière ces murs ont été perpétrés des
crimes, des atrocités qui révoltent l'humanité. Aujourd'hui la
Gestapo a dû évacuer son Quartier Général.

Mais à côté de ces points de vue purement militaires intervient le point de vue politique qui, dans le cas de Berlin, prime peut-être les autres. Pour bien en comprendre le sens, il ne faut pas perdre de vue le rôle imparti, dans la vie intérieure de l’Allemagne, à la capitale prussienne.
Même après que les victoires et les rapines de Frédéric II eurent fait de la Prusse un des premiers états d’Europe Berlin, mal située au milieu des sables et des marécages du Brandebourg, demeura une ville secondaire. Sa vraie grandeur date seulement de 1871 et de la naissance de l’Empire allemand. Quand Bismarck eût, pour reprendre les propres mots du chancelier de fer, fondé cet empire "par le fer et par le sang’’ l’homme d’état prussien sentit qu’il fallait donner un semblant d’unité à ces pays qu’il venait de courber sous le joug du nouvel empereur. Tous haïssaient la Prusse; la plupart se détestaient entre eux. Pour leur faire oublier ces sentiments Bismarck commença par leur jeter un os à ronger: l’Alsace- Lorraine, proclamée "terre d’Empire” c’est-à-dire proie commune, et que tous avaient donc intérêt à défendre ensemble contre ceux qui voudraient la leur arracher. Mais ce n’était pas suffisant: il fallait éliminer l’attraction qu’exerçaient encore les vieilles capitales: Munich, Dresde, Francfort, Stuttgart. Pour cela Bismarck s’efforça de développer par tous les moyens, aux dépends de ces villes, Berlin où régnait le Hohenzollern.
LES TEMPS ONT CHANGE.
Les soldats passent dans Berlin en ruines.
DIX MILLES USINES ceinturent Berlin.
Aussi la chute de la capitale ne serait pas
importante du seul point de vue moral
mais aussi du point de vue stratégique. 


AVANT LA GUERRE, la grande gare berlinoise d'Anhalt apparaissait
telle qu'on la voit ci-dessus. Aujourd'hui les bombes alliées n'en
ont laissé que les décombres noircies.

Sous le régime nazi, ce rôle de métropole dévolu à Berlin a été poussé à ses extrêmes conséquences. Déjà la république de Weimar avait exercé une forte action centralisatrice. Elle avait toutefois laissé subsister, sous le nom de “pays” les anciens royaumes dont la fédération constituait l’Empire. Hitler, d’un trait de plume, supprima tout cela et on peut dire que, depuis, Berlin est devenu le cerveau du Reich. Toute la gigantesque machine administrative et, plus encore, policière constituant l'armature du parti nazi a ses leviers de commande à Berlin.
NOUS REMERCIONS LE FUEHRER, tel est le sens de cette inscription géante
exprimant le sentiment des Berlinois. Mais depuis que ça va mal l'inscription a disparue. 

Aujourd’hui au lieu des tambours et des fifres rythmant le pas cadencé de la Wehrmacht victorieuse, ceux des Berlinois qui ne se sont pas encore enfuis au hasard sur les grandes routes, entendent le fracas des explosions des bombes anglaises et américaines et, de plus en plus proche, le grondement des canons de Joukoflf et de Konieff. "Berlin sera défendue Jusqu'au bout, rue par rue”, a affirmé Goebbels. Si la promesse est tenue, la ville est vouée à la destruction totale. Quant aux âmes tendres qu’une telle idée pourrait émouvoir, qu’elles se rappellent Varsovie, Belgrade, Rotterdam, les cortèges de réfugiés mitraillés en 1940 par les aviateurs à croix gammée sur les routes de  France.
LE FANATISME NAZI des berlinois n'est pourtant pas éteint et sur les ruines de
la capitale agonisante un écriteau chante encore la gloire de "Hitler le bâtisseur"

Il ne saurait être question de prétendre que la chute de Berlin nécessairement la fin de la guerre. Il n’en reste pas moins que la Berlin signifierait pour le Reich la perte d’un de ses nœuds les plus essentiels de routes et de voies ferrées, d’une de ses régions industrielles actives et la paralysie de ce que l’on peut réellement appeler son centre nerveux. L’enjeu en vaut la peine!

Enfin, pour le monde, l’élimination de Berlin aura encore une autre signification . . . elle marquera le commencement de la fin de ce cauchemar : le militarisme prussien.


Les mêmes événements vus par la propagande Nazi

Attention: Les images et textes proviennent des magazines Signal et Der Adler. Ceux-ci s’adressent à un public averti, en effet servant la propagande nazi, les articles parus dans Signal et Der Adler, ne sont évidemment pas le reflet de la vérité, mais ils peuvent être à la base de réflexion et de travaux sur cette période terrible.

Deux poids, deux mesures.

Il sera intéressant pour le lecteur, à la vue de ces deux photos juxtaposées ci-dessous, de se représenter comme on dépeint noblement aux Etats-Unis cette guerre déchaînée par eux et comme elle se trouve être réellement. 


DEUX POIDS, DEUX MESURES: Ci-dessus, deux photos de
la revue américaine "LIFE". Un père américain regarde, avant
de partir, son petit garçon qui dort.; 
une fillette américaine prie pour ses parents.
Comme pendant, "SIGNAL" montre la photo
d'une mère allemande près du cadavre de ses
enfants qui ont été tués par la
terreur anglo-américaine.


Au revoir Johnny, lorsque tu te réveilleras je serai loin... Et tout ce que je voulais faire avec toi doit attendre... les jeux que nous voulions jouer.... les livres que nous voulions lire….la musique que nous voulions aller écouter ensemble... Je penserai à tout cela après, Johnny. C’est le travail qui n’est pas achevé...» Ainsi parle un père à son petit garçon endormi. Et s’il voulait, il devrait ajouter: «C’est maintenant mon travail de jeter des bombes et de répandre du phosphore sur des gosses comme toi en Allemagne". La main qui caresse tes cheveux tandis que tu dors est souillée du sang d’innombrables enfants allemands. Mais ce n’est pas grave. Quand tu seras grand, tu comprendras qu’il y a une différence entre ton amour pour tes enfants et celui de pères et mères allemands pour les leurs. A nos enfants, il ne peut évidemment rien arriver. Mais d’autres enfants peuvent être mutilés et tués, même si leurs pères et mères se pétrifient de chagrin. Cela est tout autre chose. Retiens cela. Mais il ne faut retourner les choses en aucune façon. Toute chose a deux aspects et surtout notre morale. Peut-être des gens diront-ils que nous sommes des hypocrites. Il ne faut pas s’arrêter à cela. Qui dit ces choses peut faire connaissance avec nos Bombes. Au surplus, il est possible que nous soyons si larges d’esprit que de nourrir de nos idées les autres, lorsque nous aurons gagné la guerre, ce qui veut dire les rendre heureux par notre conception du monde... »
C’est ce que le père américain devrait apprendre à son fils quant à la vérité... Et la petite fille, qui quelque part aux États-Unis prie elle aussi devant son lit avant de se coucher pour son père en invoquant la protection divine pour lui, ne sait pas que ce père, au même moment, jette ses bombes sur des petites filles semblables à elle en Allemagne. Elle ignore que, si son père ne revient pas, il aura reçu la juste punition de ses méfaits peu dignes d’un soldat. Et cela la petite fille ne le saura pas et ne le comprendra pas même quand elle sera devenue grande. Car elle-même sera habituée à deux poids et deux mesures.


Rapaces - 404 - L’implacable


Lien: 404
 

PATTLE Marmaduke Thomas St John


Pattle (gauche), durant son service au  Squadron No. 33 de la  RAF,
en 1941 avec le squadron's adjutant, George Rumsey

"Pat" Pattle est né à Butterworth dans la province du Cap en Afrique du Sud le 3 juillet 1914. Ses parents sont des Britanniques qui ont émigrés en Afrique du Sud. Il s'engage dans la SAAF comme Cadet en 1936 et part pour la Grande Bretagne afin d'y achever sa formation opérationnelle en 1937 après quoi il est affecté au Squadron 80 qui vient juste d'être reéquipé en Gladiator. En avril 1938, il accompagne l'unité en Egypte. Il gravit régulièrement les échelons et en 1939, il est Chef d'Escadrille. En août 1940 , l'unité fait mouvement vers la frontière Libyenne où elle est engagé au combat pour la première fois. Le 4 août, alors qu'il escorte un Lysander, il engage le combat avec une importante formation de CR 32 et de Brefa Ba 65 et parvient à revendiquer ses deux premières victoires.
Un "crashed"  Fiat CR.42, Afrique du nord 1940/41.
Pattle réclame 14 avions abattus de ce type.
Cependant, 3 des 4 Gladiator engagés sont abattus et le quatrième est sérieusement endommagé. Pattle et Wykeham-Barnes parviennent tous les deux à sauter en parachute en territoire occupé par les Italiens mais parviennent tous deux à regagner leur ligne le lendemain.






Der Adler - 20 mai 1941(allemand)




Le 6 avril les Allemands déclarent la guerre à la Yougoslavie et la Grèce et attaquent immédiatement.
 Les forces allemandes déferlent via le col du Rupel, la Royal Air Force attend nerveusement les nouvelles. Pilot Officer Winsland du Squadron 33 à Larissa écrira plus tard:
"Nous avons appris la nouvelle avant l'aube, nous nous sommes levés, lavés dans de l’eau gelée- et habillés. Tout le monde était tendu ; nos sentiments et nos pensées étaient confuses – qu’allait-il se passer maintenant ? Notre armée était en retraite en Egypte ; les Grecs parvenaient à peine à tenir les italiens en Albanie ; avons-nous des troupes britanniques suffisantes pour contenir les allemands en Grèce ? Qu’allait-il se passer dans l'air ? Déjà que nous avions assez à faire face aux Italiens, sûrement que nous allions être irrémédiablement dépassés en nombre par les allemands ? Ces dernières semaines, nous avions entendu que des forces aériennes allemandes colossales se formaient en Bulgarie. Dans l'après-midi (après avoir stationné toute la matinée en « décollage immédiat », avec tous les Hurricanes à l'extrémité du « runway», face au vent, prêt au décollage) tous les Hurricanes  disponibles (12) ont décollé pour une patrouille offensive au-dessus de la Bulgarie. J'ai eu la chance de voler à côté du Squadron Leader Pattle. Tout à coup, nous avons repéré huit Me109s et nous avons  plongé pour attaquer. Il s'agissait de ma première vrai rencontre avec les Huns. J’ai vu le CO à côté de moi, en abattre deux en quelques secondes. Quelle image. Je n'oublierai jamais. Quel tir également. Un tir de deux secondes de ses huit canons sur la première machine ennemie et un gros morceau d’aile est parti dans les airs, le pilote a ouvert son parachute tandis que ses pieds étaient encore dans le cockpit, mais il est parvenu à évacuer l’avion. Un destin semblable est advenu à la deuxième machine ennemie qui est allée en spirale en flammes vers le bas. Je n'ai pas eu le temps de voir ce qui est arrivé à son pilote."

Stuka Ju 87 au-dessus de l'Acropole.
Les Bf 109Es appartenaient au 8/JG 27. L’Oberleutnant Arno Becker était le pilote du second avion  abattu, son avion - Black 2 - s'écrasa en flammes et son pilote y trouva la mort. La premier Bf 109 abattu appartenait au Leutnant Klaus Faber, qui fut fait prisonnier. Le Sergent Leonard Cottingham a réclamé un tiers de la destruction du BF 109. Pendant la descente en parachute du pilote allemand, un autre Messerschmitt tournoyait autour, afin de lui accorder protection, et Cottingham a rapidement attaqué cet avion:
"Alors que les machines tournaient dans tous les sens je me suis retrouvé directement sur la queue d'un autre Hun sur lequel j’ai tiré salve après salve, mais il devait être fabriqué en fonte ou peut-être que mon tir n'était pas si précis ! J’ai pu découvrir plusieurs fois depuis le pourquoi : l’excitation. J'ai commencé le tir avec le centre du « gunsight » sur la cible, pour me retrouver quelques secondes plus tard visant purement en suivant les traces de mes balles! À cette occasion l'avion ennemi a simplement « vibré »  de partout et a commencé une plongée vers la gauche. J'ai continué la chasse mais je ne suis pas parvenu à le suivre vers le bas. Heureusement un autre Hurricanes (F/Sgt Cottingham) a plongé derrière lui et lui a « bought his packet ».
Bristol Blenheim accompagné par un Hurricane
attaquant une colonne allemande.
En fin de journée le 7 avril, trois Blenheim du 11 Escadron ont attaqué des colonnes allemandes à l'est de Strumica en Yougoslavie, escortés par deux Hurricanes du Squadron 33. Lors du retour de la formation vers la base, le Squadron Leader Pattle a repéré un avion isolé à plusieurs milliers de pieds en dessous, qu’il a identifié comme un Dornier Do215. Il a plongé et a affirmé l’avoir abattu en flammes. Cela peut avoir été un Do 17 de la Stabstaffel du Stukageschwader 2,
 Le 8 avril huit Blenheim du Squadron 211 avec une escorte de neuf Hurricanes du Squadron 33 ont attaqué l'aérodrome de Petrich dans le sud-ouest de la Bulgarie, qui était occupé par la Luftwaffe. Après l'attaque des Blenheim, les Hurricanes ont ouvert le feu sur plusieurs avions qui ont été abandonnés en flammes, deux d'entre eux ont été attribués au Squadron Leader Pattle.
Le 9 avril, une paire de chasseurs du Squadron 33 (Squadron Leader Pattle et le Flight Lieutenant  Charlie Dyson) était au-dessus de Larissa. Pattle repère par hasard  un avion bimoteur qui était en train de disparaître dans l'obscurité. Supposant qu’il s’agissait d’un Ju 88, il a tiré dans son moteur tribord avant de le perdre de vue. Au retour il a revendiqué « un avion endommagé avec flamme jaillissant du moteur ».
Dernières secondes d'un  Junkers Ju 88
Après le déjeuner, il a été informé qu'un bombardier s'était écrasé dans les environs de l’engagement, et en compagnie du Flight Lieutenant Frankie Holman, il s’est rendu sur le site afin  d'inspecter les restes. Sa victime semble en fait être un autre Do 17Z (U5 + BT) du 9/KG2, qui était piloté par l’Unteroffizier Ulrich Sonnemann.
Messerschmitt BF.110 en rase-vagues
au dessus de la méditerranée. 
Dans l'après-midi du 10 avril, dix bombardiers Blenheim du Squadron 11 escortés par des Hurricanes  du Squadron 33 ont fait une sortie pour bombarder la route de Prilep-Bitolj. Ils ont été interceptés par un certain nombre de Bf 109Es et Bf 110. Le Squadron Leader Pattle est parvenu à mettre une rafale sur un Bf 110, qui s'est écrasé en flammes. Poule a ensuite attaqué un Bf 109 dont les balles ont touché le pilote avant que l'avion ne vire vers le bas.
Tôt dans la matinée du 11 avril, de bombardiers du Fliegerkorps X en provenance de Sicile se sont  approchés à nouveau de la côte grecque. Le Squadron Leader Pattle, qui a décollé d’un aérodrome satellite à « Churtons Bottom », a été guidé par radar sur un certain nombre d'appareil non identifié volant à basse altitude près de Volos. Il a identifié des Junkers Ju 88 et He 111, qui tentaient de poser des mines dans la mer à l'entrée du port de Volos. L’attaque eut comme résultat deux avions descendus et les autres furent chassés au loin. Il semblerait que ses deux victimes étaient des Junkers Ju 88 du III/KG30 piloté par l’Oberleutnant Hans Schaible du Staffel 7 et du Leutnant Wimmer du Staffel 8, avec leurs équipages respectifs.
Dornier Do 17 Z 2
Dans l'après-midi du 12 avril, le Squadron Leader Pattle commandait une formation d’Hurricane du Squadron 33 au-dessus de la vallée de la Struma. À l'est de Salonique un avion isolé identifié comme un Do215 a été intercepté et descendu par Pattle.
Comme le Squadron retournait vers Larissa, ils ont été mis en garde contre des avions ennemis dans le secteur et ont repéré trois S.79s à 3000 pieds en dessous, apparemment escorté par des Bf 109. Commandant une formation de trois combattants, Pattle conduit les Flying officiers Frankie Holman et Harry Starrett sur les bombardiers. Il descend le leader en flammes, tandis que les ailiers réclament une seconde victime. Pattle tire sur un Bf 109, dont un panneau de l’aile vole au large et les roues ont été vues s’abaissant vers le bas.
Le Fliegerkorps VIII a indiqué la perte d'un Ju 88 ce jour-là – possible un avion d'I / LG1 – mais les détails de cet accident ne sont pas inclus dans les « Quartermaster’s Loss Retruns ».
Il semble que Pattle a réclamé cinq victoires au cours de cinq sorties le 14 avril. Un Bf 109 était revendiqué à 07:10, un Junkers Ju 88 à 08:43 et 17:40, un Bf 110 à 10:04 et un S79 à 13:08.
Hawker Hurricane Mk I vs Heinkel He 111
L’II/KG 51 a perdu deux Junkers Ju 88 à cette date : un descendu lors d'un raid sur Illidza tandis que le second s'est écrasé lors du retour et suite aux dommages de la bataille sur l'aérodrome de Pecs. Il semblerait donc avoir été, durant la matinée ou des raids de la soirée, les adversaires du Squadron 33. En ce qui concerne les autres victoires prétendues au cours de la journée, plusieurs possibilités existes. Il est possible que l’un des Junkers Ju 88 était le  L1 + UH piloté par Leutnant Gert Blanke, qui a été abattu la veille (13 avril) quand une vingtaine de Ju 88 d'I / LG 1 furent interceptées par les sept Hurricanes du Squadron 33. Le seul Bf 109 perdu ce jour-là était celui piloté par l’Hauptmann Gerlach, Staffelkapitän du 6. / JG 27, qui a été fait prisonnier lorsque son avion a été touché au moteur lors d'une attaque de mitraillage. L’unique identité possible du Bf 110 est un 17Z 10. / KG 2, qui s'est écrasé en Roumanie. Un Z.1007bis de la 262 Squadriglia, piloté par Tenente Mario di Angelis, a été signalé abattu par la DCA sur le port de Prévéza lors d'une attaque de cinq  bombardiers. Il est très improbable que ceux-ci opéraient dans la zone du Squadron 33.

Pilotes du Squadron N°80 de la  RAF relax devant un  Hawker Hurricane Mark I, V7599 'YK-Q', à Eleusis, Grèce: (gauche à droite); Sergeant C E Casbolt , Flying Officer H D Flower, Pilot Officer J Still, Pilot Officer P T Dowding, Sergeant E W F Hewett et Warrant Officer S A Richens.

Le 15 avril, il a été décidé que le restant des Hurricanes du Squadron 33 rejoint les Squadron 30 et 80  à Eleusis, tandis que les Gladiators du Squadron 112 partagent l’aérodrome d’Hassani avec le Squadron 208.
A ce moment Pattle, à force de lutter, était fatigué et malade. Bien que fébrile, acceptant à peine des médicaments, il a insisté pour continuer à voler. Il a permis toutefois à son adjudant Flight Lieutenant Rumsey, de prendre en charge les tâches plus terre à terre de l'administration du Squadron.
Pendant le restant du mois, les chasseurs de la RAF étaient engagés dans des conditions de plus en plus chaotiques et les forces grecques et britanniques ont été contraintes de battre en retraite.
À 06:35 le 19 avril, le Squadron Leader Pattle signale avoir intercepté des bombardiers s'approchant d'Athènes (le premier d'une série quasi-continuelle de raid) et il réclame deux Junkers Ju 88 abattus et un troisième probable.
A cette occasion, Il n'y a aucune confirmation de ces pertes du côté allemand

Un Henschel Hs 126 de la Luftwaffe,
 en opération de surveillance sur
une ville grecque.
À 09:20 : sept Hurricanes du Squadron 33 menés par Pattle survolent Lamia afin de couvrir la zone  où l'armée était toujours aux abois et au point extrême de la retraite. Ici, un seul Hs126 de 1 (H) / 23 piloté par le Feldwebel Herman Wilhus (6K + AH) a été observé. Bien que l'avion de reconnaissance  volait très bas, Pattle conduit sa section sur sa queue et lui tire une brève rafale. Son attaque a été suivie par le Flying Officer Vernon Woodward, et puis par le Flight Lieutenant Littler, après quoi le Henschel a pris feu, il a basculé vers l'avant et s'est écrasé en flammes dans la colline boisée.
Les Hurricanes  se sont regroupés et ont continué leur patrouille pendant encore une demi-heure quand ils ont été interceptés par neuf Bf 109.
Réactions rapides de Pattle qui se retrouve sur la queue d'un Bf 109, à l'extrême gauche de la formation allemande. Il indique que suite à son attaque, le Bf109 est descendu en glissement, a capoté et a percuté le sol. Le ciel était maintenant plein d'avions en combat aérien, mais Pattle a réussi à se placer sur la queue d'un autre Bf-109, qu’il avait repéré volant à basse altitude dans la vallée en direction de Lamia. Il croit avoir tué le pilote avec sa première rafale et l’avion a piqué et s'est écrasé.
 Hawker Hurricane vs Messerschmitt bf-109
Pendant ce temps le Flying Officer Woodward a vu flamber un Hurricane. Il tenta de le rejoindre, mais deux Bf 109 sont intervenus ; l'un d'entre eux fut abattu en flammes. L'Hurricane piloté par le Flying Officer Frank Holman, âgé de 25 ans, descendit  ses roues afin de se poser sur un terrain marécageux près de Mégare, l’avion capota et le pilote se brisa le cou. Le Flight Lieutenant Moir a réclamé un autre Bf 109, tandis que les Flight Lieutenants Littler et A. B. Mitchell ont tous deux revendiqué en avoir endommagé deux autres. Au retour, l’avion de Moir, durement touché, a été forcé d'atterrir à Amphiklia où son avion fut détruit plus tard  car il n'y avait aucune pièce de rechange disponible pour le réparer. L’avion du Flight Lieutenant Mitchell a aussi été durement touché, mais il a réussi d’atterrir  à Eleusis.
Trois Hurricanes  ont été abattus par les pilotes allemands, deux par l'Oberleutnant Kurt Ubben, Unteroffizier Johann Pichler et un par l’Oberfeldwebel Erwin Riehl à 25 km au nord-ouest de Lamia. Cependant le Bf 109 de Ubben a été gravement endommagé et il a été forcé d’atterrir dans les lignes alliées, tandis que le Staffelkapitän de la 9/JG 77, l’Oberleutnant Armin Schmidt, a été abattu et tué au nord-est de Lamia. Un troisième Messerschmitt piloté par l'Oberleutnant Werner Patz, a également été touché et s'est écrasé pendant la journée à Larissa, mais il n'y a aucune confirmation qu'il a été impliqué dans une lutte avec le Squadron 33. Par la suite un Fieseler Storch a atterri dans les lignes alliées et a récupéré Ubben.

Si sur les grands aérodromes les conditions d'accueils des pilotes sont bonnes,
 ce n'est pas le cas des petits aérodromes ou les conditions d'attentes
entre les alertes sont souvent rudimentaires
Les conditions de santé de Pattle se sont aggravées à un point que le Squadron Leader Edward Jones, désormais agissant comme commandant du Squadron, lui a ordonné de réduire ses vols et à ne décoller que lors d’une alarme de raid aérien. Pattle l’a pris au mot et a pris l'air à 14 :50, avec le Sergent Charles Casbolt, lorsque l'alarme s'est déclenchée. Les deux se sont envolés et pendant un certain temps ils n’ont vu quoi que ce soit. Puis Pattle a vu deux avions au-dessus du port de Khalkis – Casbolt, il a mitraillé un  Ju 88 qui a plongé suivi d’une fumée noire. Pattle a repéré un autre bombardier en direction du Nord qui retournait vers ses lignes. Lui donnant la chasse, il l’a rattrapé, attaqué et le bombardier a plongé dans la mer après que son équipage ait été criblé de balles.
Un Ju 88 a en effet été signalé perdu dans cette région. L’Aseconde Ju 88 d'I / LG 1 piloté par l’Hauptmann Siegfried von Eickhorn s'est écrasé à Salonique en raison du givrage, le pilote a été  blessé.
À 18:20 Pattle a, à nouveau, été impliqué dans une interception. Il a engagé un certain nombre de Bf 109, revendiquant deux avions endommagés, mais aucune perte n’a été enregistrées par la Luftwaffe.
Quand il a mené les restes des Squadrons 33 et 80 du terrain d’Athénes vers Eleusis, il souffrait de la grippe et de fatigue.
À 14:00 le 20 avril vingt-neuf  Bf 109Es des II et III/JG 77 sont apparus sur les aérodromes d’Eleusis et Tanagra. Le Squadron Leader Pattle a engagé une formation du Gruppe III et a réclamé deux succès au cours d'un bref combat.
L'un d'entre eux est censé avoir été l'avion piloté par l’Unteroffizier Fritz Borchert, tandis que le second a été endommagé et s'est écrasé à Larissa. Les pilotes allemands réclamant treize avions détruits au sol.
À 15:41 le même jour, il a abattu un Ju 88. Il retourne ensuite à Eleusis pour reconstituer ses munitions.
Au cours de la journée, Eleusis a presque été constamment attaqué, mais dans l'après-midi il y a eu une pause dans l'activité ce qui a permis aux équipes au sol de réparer un maximal possible d’Hurricanes. Le Squadron Leader « Tap » Owen Jones a décidé que si aucune autre attaque n’était mise au point avant 18:00, tous les Hurricanes disponibles seraient engagés dans une offensive dans le but d'élever le moral de la population civile d'Athènes et ses environs et comme un coup de pouce aux défenseurs d'Eleusis.
Avions de destruction M110 au-dessus de la Méditerranée.
Ils ont pour mission de protéger les bombardiers Junkers Ju 88 et Do 17

Toutefois à environ 16:45, une formation d’une centaine de Junkers Ju 88 et Do 17, escortée par des Bf 109 et Bf 110 ont été signalées approchant d’Athènes. Les Junkers Ju 88 ont fait des attaques  à basse altitude sur les transports maritime du Pirée, tandis que les Bf 110 du II/ZG 26 ont écumé la région, tirant sur des cibles. Neuf Hurricanes du Squadron 33 et six du Squadron 80 ont décollé et ont pris individuellement l'air, ils sont  montés à 20 000 pieds et se sont dirigés vers le Pirée, formant des sections de deux ou trois avions en cours de route.
Hurricanes attaquant un avion
allemand par l'arrière. 
Le premier trio arrivé au port, piloté par le Flying Officier Peter Wickham, le Flight Lieutenant  Henry John Starrett (RAF no 40188) et Percival « Ping » Newton (un Rhodésien), a repéré quinze Junkers Ju 88 en formation d’attaque sur les navires du port (le navire-hôpital  grec Ellenis fut coulé lors de l'attaque). Les trois hurricanes ont plongé et attaqué l’ennemi; Wickham a réclamé un coup au but, tandis que Newton en a descendu deux de plus. Le Pilot Officer William Vale est arrivé sur les lieux et a déclaré:
"J'ai effectué huit attaques sur les Junkers Ju 88. L'un a pris feu et a commencé à piquer vers le bas, je l’ai  laissé et j’ai attaqué un autre. Un gros morceau de métal s'est détaché de ses ailes et du fuselage et de la fumée est sortie de ses moteurs. Il est descendu verticalement. J'ai ensuite été attaqué par un 109, mais j'ai facilement déjoué ses manœuvres, je suis revenu à la maison quand mes munitions ont été épuisées. »
Un Ju 88, piloté par l’Unteroffizier Helmut Benke (L1 + ZH) a été perdu, près d'Athènes, avec tout l'équipage ; un deuxième L1 + UK, piloté par l’Oberfähnrich Werner Ziegler, a été touché par un Hurricane et le navigateur Gefreiter Heinrich Baumgartner, a reçu trois balles dans la tête et dans le cou et est mort sur le champ. Un deuxième Hurricane a ensuite attaqué un Ju 88, mettant le moteur tribord hors de combat. Le Ju 88 a perdu rapidement de la hauteur et bien que l'équipage ait jeté tout le matériel amovible afin de réduire le poids. Il a atterri en eau peu profonde près de Karies, au pied du Mont Athos. Les membres de l'équipage ont survécu à l'écrasement. Un troisième Ju 88 a souffert de problèmes de moteur et s'est écrasé près de Krumovo.
L'Hurricane de Starrett a été touché et a pris feu. Il a décidé de rentrer à Eleusis pour tenter de sauver son avion. Il a fait un atterrissage rude et le réservoir glycol a explosé, enveloppant l'avion de flammes. Starrett a réussi à sortir, mais il a été très gravement brûlé ; Il a été transporté à l'hôpital mais est décédé deux jours plus tard.
Quatre Hurricanes du Squadron  80 ont  maintenant rejoint la bataille. Le Flight Lieutenant William Woods, le Sergent Charles Casbolt et le Sergent Pierre Wintersdorff (un français) ont attaqué une formation identifiée comme des  Bf 110, mais probablement composée de Do 17Z des I et III/KG 2, escorté par des Bf 110. Woods a effectué deux ou trois attaques séparées, croyant probablement en avoir abattu deux (mais seulement un a été crédité) avant de rompre pour revenir à Eleusis et se réarmer. Wintersdrorff a réclamé un avion abattu en flammes, identifié comme un « Fw187 », mais il a été attaqué par un Bf 110 et a été blessé à une jambe ; son Hurricane a été durement touché et s’est posé en  mer où il a été rapidement secouru. Casbolt a réclamé deux avions Bf 110 abattus, mais il a aussi été attaqué par l'arrière et touché à son gouvernail. Breaking away, il rencontra un Bf 109 et indique qu'il l’avait abattu en flammes.
Un pilote de la Luftwaffe parvient à évacuer
son Bf 109 en flammes. 
Le quatrième pilote, le Sergent Edward Hewett se retrouva au-dessus de six Bf 109 et signale :
"J'ai plongé sur l'arrière d’un Bf 109, il a roulé sur le dos et il s'est écrasé au sol avec une trainée de fumée. J'ai fait une attaque similaire sur un deuxième, et j’ai criblé le  pilote de balles. J'ai tiré sur un troisième, mais je n’en connais pas le résultat. »
Ces Bf 109 provenaient peut-être de l’III/JG 77. Trois 17Zs ne sont pas rentrés ; U5 + AL (Unteroffizier Helmut Reim), U5 + HL (Leutnant Joachim Brüdern) et U5 + AR (Oberleutnant Ludger Holtkampe) ont tous été perdus avec leurs équipages. Apparemment des Bf 109Es du 4. / JG 27 ont également participé au combat avec le Squadron 80. L’Oberleutnant Rödel réclame trois Hurricanes abattus en un peu plus de dix minutes 16:57, 17:01 et 17:08 (victoires nos 18-20), tandis que l'Oberfelwebel Otto Schulz (victoire n ° 6) réclame un autre à 17:10. Il semble que le Sergent Leonard Cottingham de Squadron 33 a également réclamé un Do 17 dans ce combat.
À Eleusis, les Hurricanes de retour ont été ravitaillés et réarmées aussi rapidement que possible, avant de regrimper dans la mêlée. Le Squadron Leader Pattle était maintenant très malade avec de la grippe, sa température ayant été enregistrée à 103°. Néanmoins, il décolle pour la troisième fois de la journée ainsi que le Flying Officer Vernon Woodward, suivi par  le Flight Lieutenant William Woods. Woodward raconte:
"J'ai décollé avec le Squadron Leader Pattle - nous sommes montés vers un essaim de Junkers Ju 88, protégé par une masse de Messerschmitt 110 s. Nous avons rapidement été dépassés. Je me souviens avoir vu Pattle abattre un 110 dont la queue était en flammes, puis probablement un Ju 88. Peu de temps après Pattle a obtenu un Ju 88 confirmé (ou Bf 110). Par la suite, j'ai perdu contact avec lui. J’ai endommagé trois 110, ensuite, étant sans munitions je suis revenu  provisoirement à Eleusis. Ce jour-là,  ils étaient partout. »
Venant de Woodward, Pattle est venu à l’aide d’un Hurricane, piloté par le Flight Lieutenant Woods, qui se faisait attaquer par un Bf 110. Il a ouvert le feu sur cet avion, et il l’a vu éclater en flammes. L’Hurricane de Woods a pris également feu et a plongé dans la baie d'Éleusis, le tuant.
Le Bf 110 de l'Oberstleutnant.Theodor Rossiwall se verrouille
sur la queue de l'Hurricane du Squadron Leader Pattle.  A l'arrière, l'Hurricane du
Flight Lieutenant George Kettlewell arrive à la rescousse...mais trop tard...
il n'arrive pas à sauver son chef. 

Deux Bf 110 se sont verrouillés sur la queue du AS988 de Pattle et il a rapidement commencé à flamber-il y a eu une explosion, et l'épave est tombée à la mer. Le Flight Lieutenant George Kettlewell  est arrivé sur les lieux, juste à temps pour voir la disparition de son courageux chef. Il a attaqué un des deux Bf 110 responsable, qui s’est également écrasé dans la baie. Il a attaqué le second  Bf 110 mais un autre Bf 110 s’est mêlé à la bataille et son Hurricane  V7807 fut durement touché. En homme grand et solide, il a atterri lourdement, se fissurant deux vertèbres de la colonne vertébrale et il a passé plusieurs mois dans le plâtre.
Oberstleutnant.Theodor Rossiwall a été crédité de 17 victoires pendant la seconde guerre mondiale. Il a débuté la guerre pendant la guerre civile espagnole ou il a abattu deux avions. Le  6 avril 1941 il reçut la croix de Chevalier. Theodor Rossiwall est l'un des pilotes  avec Sophus Baagoe qui a revendiqué le 20 avril 1941 la mort de l'as Marmuduke Patttle de la Royal Air Force (RAF) .
Un autre Hurricane  est à ce moment tombé sur les Bf 110; Le Sergent Leonard Cottingham a réclamé trois Bf 110 descendus en flammes, mais il a été touché par un quatrième et blessé. Il est parvenu à quitter son avion. Les pilotes du Staffel 5 du II/ZG 26, dirigé par l’Hauptmann Theodor Rossiwall a réclamé cinq Hurricanes  abattus dans cet engagement, un par Rossiwall lui-même (victoire n12), l’Oberleutnant Sophus Baggoe (victoire n14), l’Oberfeldwebel Hermann Schönthier, l’Unteroffizier Fritz Muller et l’Oberfeldwebel Theodor Pietschmann. Cependant deux des appareils du Gruppe ont été perdus au retour – 3U + fr (Oberleutnant Kurt Specka) et 3U + FN (Feldwebel Georg Leinfelder), alors qu'un troisième s'est écrasé avec des dommages graves.
Pattle a revendiqué 15 victoires + 1 biplan partagé et un total de 50 et 2 partagé détruit au moment de sa mort.
Les demandes de victoires de Pattle contre la Luftwaffe ont été pour la plupart perdues en avril 1941 et nous avons été forcé de se fondre sur les journaux et mémoires - en particulier le journal tenu par W. J. Ringrose. Alors que le nombre des revendications d’avril n'ont pas reçu de confirmation ou de reconnaissance, il apparaît que son score aurait atteint au moins 50, faisant de lui le pilote de la RAF avec le plus haut score de la guerre.


Rapaces  - 378 - La vieille équipe

Lien: 378
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Merci aux scanneurs des n°085-125-134. Ils se reconnaîtront.

Lien: 085

Lien: 125

Lien: 134













11 commentaires:

Un petit merci et quelques mots font toujours plaisir, alors ne soyez pas timides ^^