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mardi 28 juillet 2020

Garry (1ère compilation des séries éditées sur BDMag 01)



Garry ou Sergent Garry est une revue de bandes dessinées petit format parue chez l'éditeur Impéria. Parution de Février 1948 à Novembre 1985. Format de parution 13 x18 cm. 456 numéros.



Garry - 024-038-045-063

Le Pont De Remagen


Le pont fut érigé durant la Première Guerre mondiale, entre 1916 et 1919, à la demande pressante des généraux allemands dans le but d'approvisionner plus rapidement le front de l'Ouest en hommes et en matériel.


Dès le départ le pont est doté d’un système complet de chambres de mines afin de faciliter sa destruction éventuelle. Survient la défaite de 1918, suivie de l’occupation française .Dès 1919, afin de se préserver de toute surprise, les Français décident de noyer les chambres de mine sous le béton. En 1930, dès le départ des troupes Françaises, les troupes allemandes réinstallent des réceptacles pour les charges de démolition sur l’ouvrage. En 1942, ces réceptacles seront démontés, puis perdus… En 1945, un « commandant de pont » les fera reconstruire par des artisans locaux.



Le pont est alors défendu par des soldats de « second ordre » ; des malades en convalescence, ainsi que par des d’enfants et de vieillards, des « Volkssturm » au moral et aux capacités militaires fort relatives pour ne pas dire strictement nulles. A ce curieux équipage vient s’ajouter des anciens prisonniers russes plus ou moins « ralliés »,autant dire de nouveaux soucis plus qu’autre chose…
L’armement attribué à la défense est assez « hétéroclite » ; des armes polonaises, russes, allemandes et italiennes, bref tout ce qui a pu être « repêché » d’ici ou de là sur l’ensemble des fronts … La dotation en munitions est bien évidemment « à l’avenant »…


Les explosifs arrivent enfin, mais au lieu du TNT promis, il faudra se contenter d’explosif de carrière, qui plus est en quantité nettement insuffisante…
Un petit miracle se produit ; une minuscule troupe de parachutistes en retraite n’a pas les papiers nécessaires pour franchir le pont ; ils sont  immédiatement réquisitionnés, léger appoint, mais la situation est globalement inchangée …

  • Puis soudain, un miracle ; un major se présente à l’entrée du pont, s’en suit un, quiproquo tragi-comique : le « commandant du pont » s’attendait à voir un major avec 2000 hommes, il a en face de lui un homme seul sans aucun véhicule et non rasé …le doute se fait … mais non, c’est bien lui le nouveau « commandant du pont » ….
  • Major Hans Scheller: Major "des LXVIII Heeres Gruppe" et dernier commandant du "Pont Ludendorff  à Remagen". Né à Cologne en 1913, fusillé à Birnbach le 14.03.1945 par les SS.
La situation devient critique sur la rive gauche, et des soldats pourtant réquisitionnés profitent d’un moment d’inattention pour franchir le fleuve et disparaître. Il n’y a plus d’autorité sur la rive gauche, et le « commandant du pont » décide de passer sur la rive droite, un seul objectif, maintenir le pont « ouvert » le plus longtemps possible …


Dans les premières heures de la matinée du 7 mars 1945, le brigadier-général Thomas L. Harrold, à la tête du Combat Command B, ordonne donc au lieutenant-colonel Leonard E. Engeman, commandant du 14ème Bataillon de chars, de constituer une Task Force pour s'emparer de l'ouvrage. 

Cette Task Force consiste en un peloton du 89ème Escadron de reconnaissance, avec quelques M8 Greyhound, de la Compagnie A du 27ème Bataillon d'infanterie blindée, équipé de M3 Half-Track et commandé par le major Murray Deevers, d'un peloton de la compagnie B du 9ème Bataillon du génie blindé, dirigé par le lieutenant Hugh Mott, et enfin des trois compagnies du 14ème Bataillon de chars, commandés respectivement par les lieutenants Karl H. Timmermann, Jack Liedke et William E. McMaster.

  • Timmermann, qui est lui-même d'origine allemande, est né à Frankfurt-sur-le-Main en 1922, à 160km au sud-est de Remagen, et a immigré aux Etats-Unis en 1924. A 22 ans, il a été promu la veille, le 6 mars, au commandement de la Compagnie Able du 14ème Bataillon de chars. 
  • Cette unité est le fer de lance de la Task Force Engeman chargée de s'emparer de l'ouvrage, laquelle compte des M4 Sherman et 4 nouveaux chars lourds M26 Pershing, dont elle va tirer grandement profit.



Répartis en colonnes sur trois axes différents de progression, les hommes de Timmermann profitent du chaos provoqué par leur arrivée pour traverser la ville de Remagen, pratiquement sans opposition exceptés quelques foyers de résistance ici et là, la grande majorité des Jeunesses Hitleriennes et les vieillards de la Volksturm stationnés dans la ville ayant fuit en franchissant le pont au cours des jours précédents.

Les Américains sont davantage gênés par les manœuvres des chars dans les petites rues étroites, que par la résistance ennemie elle-même, et perdent du temps pour arriver jusqu'à l'ouvrage.
Dans les premières heures de la matinée du 7 mars 1945, les véhicules de la Compagnie A du 14ème Bataillon de chars, commandée par Karl H. Timmermann, débouchent de la forêt sur une hauteur surplombant la ville de Remagen.


Les Américains sont sidérés par ce qu'ils contemplent: la vue sur le pont Ludendorff intact est spectaculaire.


A 15h, un des trois pelotons de Timmermann, commandé par le sous-lieutenant Emmett James "Jim" Burrows, et les quatre Pershing arrivent aux pieds des deux grandes tours qui gardent l'entrée du pont. 

Une chose est certaine pour tous, le pont va sauter, le pont doit sauter, il n’est pas possible qu’il en soit autrement …les Allemands décident de le faire sauter. Mise à feu électrique…rien…Mise à feu manuelle, la charge de secours explose … Le pont est enveloppé de fumée et le tablier se soulève, tout le monde est content ; les Allemands parce qu’il a sauté, les Américains parce qu’il ne faudra plus le traverser …
Mais une fois la fumée de l'explosion dissipée et la poussière retombée, le pont est toujours là, apparemment sans dommages sérieux apparents, excepté l'énorme trou dans le plancher au niveau du pilier nord. 

A 15h30, Timmermann ordonne l'assaut. Les Américains s’élancent sur le pont la peur au ventre, ils sont tous persuadés qu’une deuxième charge va exploser à leur passage, mais rien ne se produit.

Un énorme cratère sur le chemin bloque l’entrée du pont aux véhicules.


Les soldats doivent traverser l'ouvrage à pieds en courant, en s'abritant derrière ses structures métalliques, et rejoindre très vite la rive opposée du fleuve...

...sous les tirs de mitrailleuses ennemies placées sur une barge au voisinage du pont et dans les tours de garde.

Tandis que des civils allemands disparaissent dans le tunnel et que les GIs traversent le pont, en éliminant les postes de mitrailleuses ennemies dans les tours...

 ...trois artificiers du 9ème Bataillon du génie, le lieutenant Hugh Mott lui-même, les sergents John Reynolds et Eugene Dorland, profitent de la confusion et parviennent à couper les fils du second détonateur qui n'a pas fonctionné et des petites charges placées sur toute la longueur sous le plancher du pont. 
Le sergent Alexander A. Drabik, du peloton Burrows, est le premier soldat américain à poser les pieds sur la rive opposée du Rhin, après avoir parcouru au pas de charge les 117 mètres de l'ouvrage. Il est également le premier militaire étranger à franchir le fleuve mythique depuis les guerres napoléoniennes.

Le pont est pris ! ! ! ! Pour combien de temps ? A tout moment les maigres effectifs engagés peuvent être anéantis …
S’en suit une discussion administrative du côté allemand, pour savoir qui est responsable du pont et donc pour savoir qui aura l’honneur de la contre-attaque… Peu de volontaires… 

Le moral des troupes est proche de zéro… Les armes et les munitions font défaut … 
Le major néanmoins, conformément à l’ordre du Führer du 25 novembre 44 demande si quelqu’un décide d’assurer le commandement


….Aucun volontaire ne se présente, des civils arborent le drapeau blanc, c’est la fin.

Les Américains n’en reviennent pas, le pont est pris, et sans perte…


Il faut maintenant de toute urgence consolider la tête de pont, par de l’artillerie et des chars sur la rive gauche, et par de l’infanterie sur la rive droite. D’un côté comme de l’autre, tout le monde a compris que tout va se jouer dans les heures qui viennent, et la course contre la montre est déclenchée …
Du côté américain aucun problème le matériel, les hommes et le moral ne font pas défaut. Du côté allemand, rien ne va ; pas de matériel, pas d’homme, pas de munitions, pas d’essence, et surtout pas d’ordre…
Aussi incroyable que cela puisse paraître, dans cette atmosphère de fin du monde, le « commandant du pont » parvient à mettre la main sur 16 chars entièrement équipés et approvisionnés d’une unité d’élite; la 106°Panzerbrigade Felderenhallee.
Tout est de nouveau possible … Mais non, rien ne sera possible ; le commandant d’unité prend contact avec le GQG. d’Hitler, lui explique clairement la gravité de la situation, l’urgence de la situation, et l’ineptie totale de la mission qui lui a été dévolue (engager ses chars lourds dans des combats de rue à Bonn), rien n’y fait ça mission est et restera d’aller à Bonn…

 Le sort du pont est scellé … Le sort de ses défenseurs aussi, ils seront fusillés pour désertion …

Du côté américain par contre on improvise au mieux ; on fait traverser le pont à l’infanterie et aux chars en les guidant avec des rubans blancs.

La traversée n’est pas sans problème ; sur la rive gauche un important cratère de destruction gène la progression, sur la rive droite, il faut slalomer entre les obstacles et entre les deux, le pont« tient », mais est loin d’être «intact » : un char vacille d’ailleurs au travers du tablier et reste suspendu au-dessus du vide. On décide donc de l’extraire, trois heures d’effort, mais l’obstacle est levé.
La tête de pont s’équipe ; artillerie, DCA, appareils fumigènes, etc… Les premières réactions allemandes « sérieuses » surviennent le lendemain en fin de journée ; attaque d’artillerie et de quelques Stukas.

Les Allemands acheminent des centaines de pièces d’artillerie. 

Du 8 au 9 mars, ils tirent près de 3000 projectiles sur la tête de pont. 
Ils font venir une de leur plus grosse pièce d’artillerie : le super mortier Karl et son canon de 540mm. Ils tirent 11 projectiles qui manquent tous le pont et puis tombe en panne. 

Les Allemands tirent aussi aux lance-roquettes multiples sur les troupes qui s’amassent pour traverser le pont.   

Les Américains concentrent le maximum de défense antiaérienne possible autour du pont, ils amassent une artillerie considérable sur la rive gauche pour bloquer toute contre-attaque allemande, et immergent des filets anti-sous-marins loin en amont de celui-ci, précaution non superflue car les piles du pont seront effectivement attaquées par un commando de plongeurs SS équipés d’une charge explosive flottante longue de 8 m.

C’est une course à l’armement. Les alliés affectent 5 bataillons à la défense de la tête de pont de Remagen. 
672 canons AA sont positionnés autour du Ludendorff.

Parallèlement, ils s’efforcent de construire deux ponts en aval de l’ouvrage ;un « pont fixe » et un « pont de bateaux »,ainsi qu’une passerelle légère pour fantassins . La Luftwaffe intervient avec énergie et détermination des appareils de tout type sont employés, du vieux Stuka, au Messerschmitt 262 à réaction.

Le premier raid de la Luftwaffe survient à 16h45 le 8 mars : trois JU87 et un Focke-Wulf  190  ouvrent le bal des attaques aériennes qui vont se succéder pendant les 2 jours suivants. 

 Résultats nuls (une bombe a touché un des piliers du pont mais n’a pas explosé), et pertes énormes (sur 350 appareils engagés, 104 furent abattus…).
Fou de rage suite à la perte du pont, Hitler décide la création d’une « cour martiale volante »pour juger tous les « coupables »…

On ne fera pas dans le détail ;le commandant du pont et le commandant en second seront fusillés pour ne pas avoir détruit le pont à temps, et pour ne pas avoir déclenché de contre-attaque immédiate . Deux officiers subalternes coupables de ne pas avoir déclenché de contre-attaque de leur propre initiative seront aussi fusillés.


Brusquement, le 17 mars à 15 heure, deux bruits d’explosions se font entendre ; le pont vient de céder, et le bruit entendu par tous n’est autre que la formidable tension des poutrelles qui viennent d’un seul coup de se libérer de leurs contraintes. 
Le pont entraîne dans sa chute une vingtaine d’hommes et fera également une cinquantaine de blessés 

Que s’est-il passé ? Rien ; le pont usé jusqu’à la corde par le trafic incessant des véhicules lourds, fragilisé par les explosions, et soumis aux vibrations permanentes de l’artillerie  antiaérienne du voisinage a rendu l’âme.

Le pont détruit, les plongeurs SS ne désarment pas ; ils attaqueront les ponts du génie .Mais l’approche s’avère impossible ; le Rhin est illuminé par de puissants projecteurs, La présence des débris du pont et de filets sous-marins gène sérieusement la progression. Pour couronner le tout, les Américains déclenchent de façon sporadique et intense des tirs « à l’estime » à la surface du fleuve …
Ce sont ces tirs « aveugles » qui finalement rendront la tâche impossible au commando ; sur ce groupe de 7 plongeurs, 5 seront faits prisonniers, 1 parviendra à rejoindre ses lignes, et le dernier fut porté « disparu ».

Entre le 7 mars et le jour de l'effondrement du pont, le 17 mars 1945, les Alliés ont pu faire passer 18 bataillons de l'autre côté du fleuve.

Le lieutenant Karl H. Timmermann ainsi que 12 autres soldats se virent remettre la Distinguished Service Cross.
Le pont ne fut pas reconstruit après guerre.

Les deux piliers qui soutenaient le pont furent détruits en 1976 car ils gênaient la circulation des bateaux sur le fleuve.

Un musée de la paix se trouve depuis le 7 mars 1980 à l'intérieur des tours situées sur la rive du côté de Remagen. 

L'initiateur de ce musée était l'ancien maire de la ville, M. Hans Peter Kürten, qui vendit pour la première fois le 7 mars 1978 des pierres du pont en tant que souvenirs. Cette action connut un écho important et c'est avec les recettes de la vente de ces pierres et de nombreuses photos d'époque qu'il est parvenu à rassembler les fonds nécessaires à l'aménagement du musée.

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 La bataille de Kyaukchaw- Birmanie, janvier 1944


Cette photographie aérienne du champ de bataille de Kyaukchaw a été prise par un avion de reconnaissance de la RAF le 17/11/1943, un mois avant que le bombardement aérien ne transforme le paysage autour des positions japonaises.

Le soleil avait brûlé la brume humide du matin et le ciel pleuvait sur un coin reculé de la Birmanie occupée par les Japonais. Pendant plus d'une heure, l'enchevêtrement de collines étouffées par la jungle depuis les rives de la rivière tortueuse Yu a résonné dans un rugissement aérien d'un bombardement aérien jamais entendu auparavant sur ce champ de bataille lointain.

Vague après vague de bombardiers - B24 Liberators, B25 Mitchells, bombardiers en piqué Vengeance et Hurricane Fighter Bombers - ont arrosé les pentes boisées avec des bombes à fragmentation hautement explosives et anti-personnel. 

Pour le sergent Ted Kelly, un tireur d'élite du 1er  bataillon du Northamptonshire Regiment, tout était «très encourageant». «Pour la première et unique fois», a-t-il rappelé plus tard, «j'ai ressenti une certaine sympathie pour les Japonais». Ce qui lui a semblé être une attaque de bombardement concentrée «sans fin» a duré un peu plus d'une heure et demie et s’est terminé vers le crépuscule le lundi 17 janvier 1944.

En ce temps-là, cinquante-quatre tonnes de bombes avaient presque dépouillé une bande de jungle, laissant dans leur sillage terrifiant un lopin de terre brûlée et désolée parsemé de souches noircies d'arbres mutilés. «Tout ce que nous avions à faire le lendemain, nous avons supposé, c'était d’investir la place», a poursuivi Kelly.

BAPTÊME DU FEU

Le premier jour de la bataille de Kyaukchaw, surnommé «Chopchaw» par les troupes britanniques, marque le début d’un baptême du feu éprouvant pour les Northants, qui apportera des leçons importantes à la 14ème armée dans sa lutte contre un complexe d’infériorité né de l’avance foudroyante  de l'armée japonaise à travers la Malaisie et la Birmanie

  • Un plan d'esquisse des positions défensives japonaises attaquées par les premiers Northamptonshires en janvier 1944, montrant les bunkers principaux, les tranchées et le cordon de barbelés.
  • Une esquisse de l'un des bunkers japonais de Kyaukchaw. Construits sur de faibles élévations, ils avaient une vue imprenable sur les collines environnantes. Bien qu’un peu plus profond, les défenseurs auraient exploité deux ou trois mitrailleuses en position couchée. Selon le prisonnier pris après l'abandon du poste, la couverture aérienne offrait une protection suffisante contre le bombardement aérien. La seule victime était un homme qui a été pris au dépourvu en dehors des défenses.

Parmi les troupes qui dirigeaient l'avance à partir d'une base à Moreh se trouvaient les hommes du 1er  Northants. La mission de l'unité était décourageante: éliminer une position japonaise potentiellement dangereuse de force inconnue, établie récemment sur des collines escarpées au-dessus d'un méandre de la rivière Yu à Kyaukchaw. C'était un point stratégiquement important où un certain nombre de pistes convergeaient.
Bien qu'isolé, le poste, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Tamu, était formidable. Pour la plupart, cela impliquait un système de bunkers mutuellement soutenues, disposées pour se couvrir par paires et reliées par des tranchées peu profondes qui conduisaient à un certain nombre de trous d'homme.

Cernés par une clôture fabriquée à partir de barbelés britanniques capturés et mitraillés par des tireurs d’élite, les principaux postes de mitrailleuses, construits en rondins et surmontés de troncs de dix-huit pouces de large, contenaient au moins deux parfois trois fentes de tir. Ils ont été placés sur de petites montées avec une vue imprenable sur les crêtes escarpées qui ont conduit à la position et ont été conçus pour la défense tout autour.
Les Northant ne savaient rien de tout cela quand ils se sont embarqués dans l’opération à la fin de décembre 1943. Mis à part l’endroit où se trouvait la position, ils n’avaient aucune idée de son ampleur, de son agencement ou de sa force de garnison. Tout ce qui était certain, c’était que l’approche se faisait sur des collines escarpées et que des arêtes en forme de couteau recouvertes de jungle apparemment impénétrable seraient longues et tortueuses.

PÉNIBLEMENT LENT

L'attaque avait été fixée au 10 janvier 1944, mais le beau temps, vital pour le bombardement aérien prévu pour la première fois pour un assaut au sol en Birmanie, s'est détérioré, forçant un report de cinq jours, prolongé de quelques jours après un rapport selon lequel un groupe d’une quarantaine de Japonais avec six éléphants aurait été aperçu en train de s'éloigner de la position de Kyaukchaw. 
Ce n’est qu’après que de nouvelles patrouilles eurent confirmé que l’ennemi occupait toujours définitivement leurs défenses, que la mission de soutien aux bombardements s’est poursuivie, mais elle est passée de deux jours à moins de deux heures. L'excitation sur le terrain à ce qui semblait être une frappe aérienne d'une précision dévastatrice devait s'avérer de courte durée. En fait, comme l’a montré une enquête post-bataille, le bombardement avait été largement contre-productif. Non seulement le principal bunker n’a pas été touché - seules deux bombes sont tombées sur la position - mais les pentes autour de lui ont été transformées en un «killing ground»

PRESQUE UNE MORT CERTAINE.

Les conséquences ont été terribles. Soutenu par le feu des canons de montagne, le chef de bataillon a commencé son attaque le lendemain matin et a rapidement découvert que ce ne serait pas chose facile.
Alors qu'il avançait, Ted Kelly a trouvé la Compagnie N°1  enfoncée, «enflammée par des tirs de mitrailleuses lourds et précis et ... prenant des victimes à un rythme alarmant». Pour Kelly, cela semblait que le moindre mouvement sur la crête invitait à une mort presque certaine.
Un homme, cependant, a refusé d'être intimidé par l'incendie qui avait stoppé l'attaque. Le lieutenant Alec Horwood, officier de mortier de 30 ans du bataillon, était un homme réputé pour son audace. Apparemment, il avait accompagné la Compagnie N°1 dans un rôle de soutien, cherchant des cibles pour ses mortiers de 3 pouces,


Mais ses actions allaient bien au-delà de la fourniture de tirs de couverture précis. En cajolant et en encourageant les hommes, dont la plupart étaient sous le feu pour la première fois, il est devenu l'esprit de galvanisation de l'attaque et sa principale force motrice.

Ignorant la grêle du feu qui avait cloué l’attaque à terre, il s’est aventuré à l’extérieur, traversant le terrain décrit comme «le paradis des tireurs d’élite», pour identifier les positions japonaises. 
Alors que les balles claquaient autour de lui, il a établi son premier poste d'observation à moins de 120 mètres du fil ennemi. De là, exposé à toutes sortes de tirs, il a non seulement réussi à diriger des tirs de mortier pour couvrir la retraite des troupes après la tombée de la nuit, mais il a ramené avec lui les informations les plus détaillées sur l’étendue et l’emplacement des défenses japonaises.

CRIS SANGLANTS. 

La compagnie N°1 a renouvelé l’assaut le lendemain, bien qu’elle ait été réduite par les combats de la veille à une cinquantaine d’hommes.  «En se penchant sur une petite crête à environ 40 mètres du fil, les Japonais nous ont chaleureusement accueillis et l’assaut, décimé par les tirs, s’est arrêté brutalement», a écrit Ted Kelly. Des bombes de mortier et des grenades se sont abattues sur eux, ce qui a aggravé la confusion, mais Horwood, qui était aux commandes, était intrépide. "Il était complètement insensible à tout ce qui s'est passé autour de nous", a ajouté John Hopkins. «À une occasion, quand une grenade est tombée près d’un groupe d’hommes qui a commencé à s'en éloigner, « John », qui se tenait à proximité, a crié:« Ne vous en préoccupez pas. C’est seulement en carton: À ce moment, elle a explosé sans nuire à personne et "John" a dit, vous êtes là. Qu'est-ce que je t'avais dit?"'
Bien qu'ils se soient arrêtés loin des bunkers ennemis, les Northants s'étaient rapprochés du fil. Incapables de faire plus de progrès, les restes de la Compagnie N°1 se cramponnèrent néanmoins à leur position avancée, à une cinquantaine de mètres des barbelés. John Hopkins, qui avait été légèrement blessé lors de l’attaque de la journée, a appelé la nuit qui a suivi comme une «véritable misère», sans vêtements chauds, sans couvertures et sans nourriture.

UNE DERNIÈRE ATTAQUE.

Le lendemain, la position des Northants devenait de plus en plus précaire. Le commandement de l’unité a admis avec franchise: «Les hommes… étaient fatigués et étaient plutôt secoués par des coups de feu et des grenades provenant de personnes qu’ils voyaient rarement».
Horwood seul parmi tant de ses camarades, a tenu fermement à la conviction que la position japonaise assiégée pourrait être capturée. "Vers midi", écrit plus tard Hopkins, "il m'a dit qu'il était convaincu qu'une dernière attaque ferait tomber la position. Je lui ai demandé qui le ferait. À ce moment-là, les effectifs de mon peloton avaient diminué de façon alarmante et physiquement les hommes n'étaient pas en état de faire un assaut final. "

Selon Hopkins, Horwood est ensuite retourné au Q.g. où il a présenté son plan au commandant du bataillon. Dans un compte-rendu écrit un an plus tard, le lieutenant-colonel Ted Taunton a déclaré que Horwood avait demandé la permission de «participer à l'attaque finale». «Il a dit tout simplement qu’il savait qu’il avait gravement affaibli l’ennemi par son tir de mortier et qu’il voulait terminer le travail et être sur le point de tuer avec les hommes qu’il avait si bien soutenus.»



Un peu plus tard, Horwood est revenu avec deux sections du « Guerrilla Platoon » du 3/8ème  Gurkha Rifles et quelques détachements de sapeurs du 92 Field Company, qui étaient équipés d’engins explosifs pour s’occuper des bunkers.

Le plan, basé sur une combinaison de courage et de surprise, était assez simple et, selon l'évaluation de Ted Kelly, «devait réussir ou échouer complètement». Sous le couvert d'un écran de fumée posé par les mortiers des Northants, les ingénieurs creuseraient une brèche dans le fil barbelé avec une torpille de fortune en bambou de Bangalore. Les Gurkhas et les ingénieurs se précipiteraient alors et, appuyés par des tirs de Bren tirés de la compagnie N°1, ils devaient prendre d'assaut la position japonaise.

Les derniers préparatifs de l’attaque, prévus pour se dérouler à 16 heures, ont été effectués dans la zone du peloton John Hopkins. Il a plus tard rappelé la «vision effrayante» des Gurkhas: «Leurs baïonnettes ont été fixées et leur kukris (couteau népalais, lourd et courbe) accroché par une lanière de cuir à leur poignet droit, et ils ont roulé les yeux pour montrer une énorme quantité de blanc, tout en faisant des bruits étranges, ressemblant à des animaux.". En observant cela, le sergent Pottinger, un ancien bûcheron, a déclaré:« Merci Christ, ils sont de notre côté!

RÉDUIRE.

Avec le rituel d'avant-bataille terminé, les mortiers des Northants ont débutés les tirs, masquant la crête nue dans un nuage de fumée. Puis, menés par Horwood, les Gurkhas ont fait un bond en avant et ont couru droit vers la position ennemie. L'équipe de Northants Bren s'est dirigée sur la gauche et alors que la fumée commençait à se dissiper, les Japonais ont compris ce qui se passait.

Au-dessus du vacarme, Hopkins les entendit crier «Gurkha! Gurkha! ” En regardant, il vit que les assaillants avaient atteint le fil de fer où ils étaient bombardés par une grêle de balles. Sans se laisser décourager, Horwood a été vu et entendu en train de pousser ses hommes alors que le sol autour de lui était enflammé. C'est alors que les choses ont mal tourné. La torpille de Bangalore n'a pas explosé et, alors que les dernières traînées de fumée disparaissaient, les assaillants ont été complètement exposés au feu intense japonais alors qu'ils tentaient de traverser les barbelés. Les ingénieurs, alourdis par leurs explosifs, sont tombés.

Les Gurkhas, cependant, ont persisté et se sont mis à «lancer des grenades dans les tranchées de communication ennemies et à tirer dans les bunkers». Contre toute attente, il a semblé un moment que l'attaque serait un succès».

Mais la résistance japonaise était trop féroce et les attaquants trop vulnérables. «Soudain, écrivait Hopkins, l'inévitable s'est produit. Pendant que je regardais, j'ai vu «John» aller en arrière comme s'il était abattu par une faux. » Le fusil et la baïonnette qu'il transportait sont tombés et il était évident pour tout le monde que Horwood était mort.
Avec le leader en panne, l’élan est sorti de l’attaque et les Gurkhas, qui avaient perdu deux hommes tués et six blessés, ont fait demi-tour avec l’équipe Bren de Northants. L'attaque qui avait duré quelques minutes était terminée, mais l'héroïsme ne s'est pas terminé avec la mort d'Horwood.



À peine le Jemadar (grade utilisé au sein de l'armée des Indes, c'était le plus petit des grades d'officier donnés par le Vice-Roi) qui commandait le peloton Gurkha était-il rentré, qu'il demanda à Hopkins de lui donner un feu de couverture. “Il a expliqué que les Gurkhas ont toujours récupéré leurs morts. Alors nous avons attaqué à nouveau et les Gurkhas se sont précipités en avant, à la terreur des Japonais qui pensaient que c'était une autre attaque, et ont ramené plusieurs hommes  qui avaient été tués.









L’attaque de Horwood, si courageuse qu’elle fût, avait échoué, mais, même si elle n’était pas immédiatement évidente pour les Northant, épuisés, elle avait été assez proche du succès pour convaincre les Japonais qu’un retrait serait souhaitable.


Alors que le peloton de neuf hommes de Hopkins se retirait pour permettre aux canons de montagne et aux mortiers de prendre les positions japonaises sous leur feu, la garnison ennemie ébranlée se préparait à se retirer. Au cours des jours qui ont suivi, alors que les Northants et les troupes indiennes de soutien ont tenté tardivement de les enfermer, les Japonais se sont enfuis.

Dans la matinée du 25 janvier 1944, une patrouille alliée a trouvé la position de Kyaukchaw abandonnée, ses bunkers et ses tranchées jonchées de matériel et occupées seulement par cinq corps et un soldat ennemi blessé qui est devenu le premier Japonais à être capturé en Birmanie.
De nombreuses leçons douloureuses ont été tirées, notamment en ce qui concerne les limites de la puissance aérienne et la ténacité de l’ennemi dans la défense. Le fait qu’il soit tombé, mais seulement après de violents combats et des pertes équivalant à près du quart de la force de combat des Northant, était dû au courage sans pareil d’un officier subalterne, Alec ’John’ Horwood.
John Hopkins, dont les témoignages ont aidé à obtenir la première « Victoria Cross »  de la campagne de Horwood, en Birmanie, a écrit: «Je n'avais jamais vu une telle galanterie. L’action de John ’Horwood n’était pas juste un coup de folie impromptu, mais une tentative calculée et déterminée de vaincre l’ennemi.»
En agissant de la sorte, Horwood a contribué à briser le mythe de l’invincibilité japonaise et a montré que les soldats britanniques, bien dirigés et bien organisés, pouvaient les battre même dans les circonstances les plus défavorables.

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4 commentaires:

  1. Bonjour,
    Merci pour ce partage.
    Bon, Garry, je n'ai jamais vraiment aimé. Des séries Impéria, c'est la collection que j'ai le moins suivi, avec Marouf. Je ne prenais que par défaut d'autre chose, donc plutôt à partir de la fin des années 1980.
    Je n'étais pas non plus très fan du style Molinari que j'avais d'abord découvert dans Tora et Marouf. Il tentera d'ailleurs de prolonger l'esprit Tora dans les années 1990 avec la BD Les Tigres volants chez Soleil, mais ça ne volait pas bien haut (ah, ah, jeu de mot, heu, bon... ). Et sa dernière série, Le Dernier Kamikaze, malgré un premier tome potable, vire au n'importe quoi, parfois vulgaire, d'un autre temps, vraiment, je n’accroche pas.
    Bien sûr, tout ceci n'est qu'un avis personnel, qui ne juge pas les amateurs du dessinateur ou de Garry. Juste, j'aime pas, mais dit aussi sèchement aurait pu être mal pris.
    Encore merci pour le partage et le temps passé pour.

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